Les cheminots, en grève depuis six jours, semblent faire fi du verdict de la justice déclarant leur mouvement illégal. Ils font également la sourde oreille aux appels lancés par leur Fédération et par la direction de la Sntf pour une reprise du travail. Ce matin, les quais étaient déserts et aucune avancée de dialogue constructif ne se profile à l'horizon. Le bras de fer risque de perdurer et d'aboutir à un pourrissement de la situation. Lors d'une tournée effectuée ce matin au niveau de la gare de l'Agha d'Alger, nous avons constaté qu'aucun train ne roulait. Même le service minimum n'a pas été assuré. Les guichets et les bureaux sont restés fermés au sixième jour de la grève. Beaucoup de citoyens espérant la fin du mouvement des cheminots ont fait demi-tour et devaient donc se rabattre sur d'autres moyens de locomotion, offrant ainsi une bonne occasion aux chauffeurs de taxi ayant le flair des bonnes affaires. Les protestataires, pour leur part, restent mobilisés et ne comptent pas faire marche arrière. Abdelhak Boumansour, président de la section syndicale de la gare de l'Agha (Alger) qui dira : «La justice a tranché en faveur de l'administration.En tant que travailleurs de la Sntf, nous respectons la justice mais à condition q'elle soit ‘'juste'' pour les deux parties, elle doit juger l'administration qui est en violation avec la loi. Nous estimons que nous sommes lésés dans notre droit le plus légitime. Maintenant, s'ils veulent licencier 10 000 travailleurs, qu'ils le fassent.» «Nous allons aller plus loin pour arracher nos droits comme l'ont si bien fait les anciens syndicalistes.» Selon lui, «les travailleurs à l'échelle nationale sont déterminés plus que jamais à ne pas reprendre le travail tant que leurs droits ne sont pas satisfaits. Rien n'a été fait depuis 2009 jusqu'à ce jour, par la direction de la Sntf pour améliorer la situation socioprofessionnelle des cheminots». L'article de la convention collective qui stipule que «le salaire de base ne peut en aucun cas être inférieur au Snmg a été bafoué par l'administration. Bien plus, à ce jour, la grille des salaires des cheminots reste inchangée et le niveau A1 reste coté à 12 480,00 DA». Pour éviter le pire, M. Boumansour a appelé les membres du bureau de la Fédération nationale des cheminots à poursuivre les discussions avec la tutelle afin d'arriver au dénouement de cette crise. De même, il a saisi cette occasion pour appeler les pouvoirs publics à réagir vite afin de débloquer la situation qui risque de pourrir. Enfin, le même intervenant a salué le soutien de l'Ugta représenté par Sidi Saïd qui a jugé la grève «légale» . Samia Lounes