Mmis à part un seul train en provenance d'Oran, les quais n'ont enregistré aucun autre trafic. La direction tente de trouver un terrain d'entente avec le syndicat. Les travailleurs de la SNTF persistent et signent. Ils ne comptent pas faire marche arrière et prendre pour argent comptant les déclarations et autres “dérobades” de la direction générale de leur entreprise. Le mouvement s'est durci hier au deuxième jour de la grève lancée en solo par les cheminots. La situation de blocage voire de paralysie totale est telle que la direction de la SNTF, qui a reconnu hier que l'action des cheminots s'est élargie et touche tout le réseau ferroviaire à travers tout le territoire national, tente de trouver un terrain d'entente avec le syndicat. En effet, la fédération des cheminots a été conviée par les responsables de la SNTF à une réunion de travail en vue de débattre des voies et moyens de parvenir à un accord. “Nous avons enregistré un durcissement et un élargissement du mouvement à travers tout le réseau ferroviaire”, nous confie le DRH de la SNTF. Et d'ajouter : “Nous faisons tout pour que les travailleurs acceptent d'assurer un service minimum. Car nous ne voulons pas laisser en rade nos usagers et les marchandises.” Selon M. Dakhli, “les responsables de la SNTF ont affiché, lors de la réunion de ce matin, leur disponibilité à négocier et discuter en précisant qu'il est très difficile pour l'entreprise de supporter des augmentations salariales outre que celles décidées en 2008”. Revenant sur le caractère “illicite” du mouvement des travailleurs de la SNTF, le DRH nous dira que “la machine des dispositions réglementaires est mise en branle par l'entreprise.” C'est-à-dire que conformément à la loi une note d'information, appelant les travailleurs à rejoindre leur poste sans quoi ils commettent une grave faute professionnelle, sera placardée. Evidemment, la seconde étape sera le recours à la justice. Mais la main tendue de la direction générale de l'entreprise ne peut à elle seule faire revenir les cheminots à leurs locomotives. La fédération des cheminots ne compte pas jouer les pompiers sans être sûre de l'aboutissement des revendications de la base. “Nous avons exposé la revendication salariale au directeur général de l'entreprise qui a laissé entendre qu'il la fera parvenir à son tour à qui de droit”, révèle le chargé de communication. Pour les cheminots, la balle est dans le camp de la DG et des pouvoirs publics. À la question de savoir si la fédération est prête à appeler à la reprise du travail, M. Bikhiti nous dira que “nous ne pouvons appeler à la reprise que lorsqu'il y aura au moins un début de désamorçage de la situation du côté de la DG. Nous n'avons pas cessé de dire aux travailleurs depuis le mois de mai dernier que nous négocions la convention de branches”. Aujourd'hui, les travailleurs ne croiront plus aux discours et autres engagements verbaux. Ce qu'ils veulent c'est du concret, des documents signés. C'est la condition sine qua non pour mettre fin au mouvement qui a pénalisé tant d'étudiants et de travailleurs; que le réseau ferroviaire arrangeait mieux sur divers plans que les autres moyens de locomotion. En effet, ce sont des cheminots fulminant de colère que nous avons rencontrés hier aux stations ferroviaires de la capitale. Les déclarations faites par la direction des ressources humaines de leur entreprise ont, semble-t-il, mis de l'huile sur le feu. La riposte des cheminots ne s'est pas fait attendre. “à la lecture des arguments de l'entreprise dans la presse nationale, nous avons décidé de maintenir notre action et de ne pas baisser les bras”, confie un conducteur. Son collègue poursuit : “Si la direction croit que le fait de toucher à nos salaires nous contraindra à faire marche arrière, elle se trompe lourdement. La faim et la malvie nous, nous en sommes rodés. Nous les affrontons avec un salaire misérable alors autant le leur laisser et se battre pour une bonne retraite.” De la gare d'El-Harrach jusqu'à la station centrale, de la place des martyrs, les rares cheminots que nous avons rencontrés, beaucoup plus dans les cafés du coin que sur leur lieu de travail, le même sentiment d'injustice et de peur de l'avenir avec un salaire – après 20 ans de service pour de nombreux cheminots – n'a toujours pas frôlé les 20 000 DA. “Trouvez-vous normal qu'un cheminot qui a passé plus de 20 ans à la SNTF n'arrive pas à se payer une voiture d'occasion ? Quant à payer des vacances à ses enfants cela relève de l'impossible.” Les travailleurs refusent que le redressement de la SNTF se fasse sur leur dos. “Ce n'est pas aux travailleurs de payer la mauvaise gestion des supérieurs. Nous avons déjà donné durant toute la décennie noire et nous n'avons rien eu au retour”, fulminent les travailleurs. Ces derniers sont unanimes à réclamer une augmentation salariale conséquente et réfutent l'argument de “mauvaise santé financière de la SNTF”.