Résumé de la 92e partie n Le téléphone sonne, c'est l'émir Ibrahim qui voudrait sortir Shaista demain... Elle raccrocha. — Je souhaiterais que les Orientaux prennent quelquefois la peine de nous donner davantage de préavis, déplora-t-elle. Il avait été prévu que Shaista sortirait demain avec Gisèle d'Aubray. Maintenant, il va nous falloir annuler cela. En avons-nous fini avec la correspondance ? — Oui, miss Bulstrode. — Bon. Je peux donc m'en aller la conscience en repos. Tapez ces lettres, envoyez-les, et puis vous serez, vous aussi, libre pour tout le week-end. Je n'aurai pas besoin de vous avant l'heure du déjeuner, lundi. — Merci, miss Bulstrode. — Amusez-vous bien. — J'en ai l'intention, dit Ann. — Un jeune homme ? — Eh bien... oui, avoua Ann en rougissant un peu. Mais il n'y a rien de sérieux. — Alors, il le faudrait. Si vous avez l'intention de vous marier un jour, ne tardez pas trop. — Oh ! ce n'est qu'un vieil ami. Rien de bien exaltant. — L'exaltation, pontifia miss Bulstrode, ne constitue pas toujours la meilleure des bases pour la vie conjugale. Envoyez-moi miss Chadwick, voulez-vous ? Miss Chadwick débarqua en coup de vent. — L'émir Ibrahim, l'oncle de Shaista, la sortira demain, Chaddy. S'il vient en personne, dites-lui qu'elle fait de bons progrès. — Elle n'est pas très intelligente, rétorqua miss Chadwick. — Intellectuellement, elle est immature, concéda miss Bulstrode. Mais elle démontre une personnalité remarquablement mûre dans d'autres domaines. Parfois, lorsque l'on parle avec elle, on pourrait croire qu'elle a vingt-cinq ans. Je suppose que c'est dû à la vie trépidante qu'elle a menée. Paris, Téhéran, Le Caire, Istanbul et tout le reste. Dans ce pays, nous avons tendance à traiter trop longtemps nos jeunes filles comme des gamines. Nous considérons comme un compliment de dire : «C'est encore une enfant.» Mais ce n'est pas une vertu. C'est un grave handicap dans l'existence. — Je ne sais pas si je puis vraiment vous suivre sur ce terrain, ma chère, riposta miss Chadwick. Je vais aller prévenir Shaista de l'arrivée de son oncle. Partez pour votre week-end, et ne vous inquiétez de rien. — Oh ! je ne me ferai pas de soucis ! répondit miss Bulstrode. C'est réellement l'occasion rêvée pour confier les rênes à Eleanor Vansittart et voir comment elle assume ses responsabilités. Avec vous deux à la barre, rien ne peut aller de travers. — Je l'espère bien. Je vais voir Shaista. La jeune princesse parut étonnée, et point du tout ravie, d'apprendre que son oncle était de passage à Londres. — Il veut me sortir demain ? marmonna-t-elle. Mais, miss Chadwick, tout était prévu pour que je sorte avec Gisèle d'Aubray et sa mère. A suivre D'après Agatha Christie