Résumé de la 2e partie Glacé de froid, Abderrahmane se résout à se réfugier dans le cercueil vide. Réchauffé, il ne tarde pas à s?endormir. A quelques kilomètres, sous la pancarte phosphorescente sur laquelle il capte d?un coup d??il le message : «La wilaya de Bouira vous souhaite bonne route», il voit un homme debout au bord de la route, faisant des signaux pressants des deux bras. Mahfoud veut accélérer, faire comme s?il ne l?avait pas vu, mais sa conscience d?homme de bien l?en empêche. Il ralentit et finit par stopper sur le terre-plein, tous phares allumés. Il reste à l?intérieur, les yeux sur le rétroviseur. L?homme est seul et arrive en courant. Il frappe contre la vitre. «Salem alaïkoum ! Tu vas à Sétif ? ? Oui ! ? Tu me prends avec toi, s?il te plaît ?» Mahfoud, par prudence, continue d?inspecter ses arrières dans les deux rétroviseurs? rien à signaler. L?homme est maigre, entre deux âges, le col de son manteau relevé jusqu?au menton. Un filet de vapeur s?échappe de sa bouche. «Bon? monte à l?arrière. ? Mais, ya khouya, c?est vide près de toi? Par ce froid ! Ah ya khouya ! ? Tu montes à l?arrière ou tu attends sur la route, Rabi issehel ! Et il remet les gaz. ? Attends, je monte !» Et Mahfoud reprend la route, se hâtant de rattraper le temps perdu. L?homme a tout juste le temps de s?asseoir sur la benne, que le véhicule démarre en trombe. Il étend ses jambes mais un obstacle l?en empêche? Il écarquille les yeux et aperçoit une grande boîte de bois? Une longue boîte? Il s?accroche d?une main au rebord bâché et s?approche de plus près : c?est un cercueil ! «Il a dû servir à transporter un mort qui a dû décéder loin de sa famille», se dit-il. Et comme il est seul, l?homme est persuadé que le cercueil est vide. Le vent souffle toujours et l?homme se recroqueville au fond de la benne, accroché fermement des deux mains aux rebords. Il regarde sans la voir la route défiler sous la lumière des phares arrière, l?esprit occupé par ses propres pensées. Le temps passe. Il entend la radio crépiter dans la cabine puis des chansons folkloriques de Sétif, joyeuses, cadencées, brisant le froid de la nuit. L?homme écoute, amusé, la musique, les yeux rivés sur l?arrière, quand soudain, il entend un bruit en face de lui, venant du cercueil ! Comme dans un cauchemar, le couvercle s?ouvre et s?abat avec un bruit sec. Terrorisé, il voit une silhouette se relever du cercueil, tourner la tête et le regarder ! Son sang ne fait qu?un tour, il s?abat au fond de la benne, terrassé par une crise cardiaque.