Les jeunes artistes ont surtout besoin pour s'épanouir d'un encadrement compétent et de moyens de travail, notamment des locaux, ont estimé les membres du BB Blues Band, rencontrés en marge du Dimajazz de Constantine. Selon un membre de ce groupe algérois qui a constitué l'une des révélations de la 8e édition du festival international de jazz de Constantine, «90% des jeunes musiciens algériens se débrouillent seuls et souvent dans des conditions aussi dures qu'aléatoires». Commentant ce problème récurrent chez une majorité des formations artistiques en Algérie, Fawzi Mecellem, le chanteur et chef d'orchestre du groupe, s'est dit «bien redevable» aux Masters classes organisés en marge du Dimajazz et surtout à la bourse Aziz-Djemmam (du nom du fondateur de ce festival, disparu en 2005) dont il a bénéficié par le biais de l'association Limma (initiatrice du Dimajazz) et qui lui a permis de suivre à Libramont (Belgique) un stage intensif auprès de grands maîtres de jazz comme Nicholas Thys ou le groupe Aka Moon. Sans ce stage, «je n'aurais pas pu encadrer les cuivres de mon groupe», reconnaît ce musicien qui a réussi à monter un groupe interprétant le blues à la manière des Noirs américains. Comment se fait-il qu'un Algérois qui a grandi dans une ambiance de musique andalouse et qui a taquiné le luth dès l'âge de six ans, se soit converti au blues et au jazz ? A cette question qu'il entend souvent à chacun de ses passages, Fawzi Mecellem répond qu'il ne sait pas d'où lui vient cette passion pour la musique des anciens esclaves d'Amérique. Tout ce dont il est sûr, c'est que cette musique est «très belle et plaît en Algérie où elle dispose d'un large public». R. C. / APS