Peinture La Citadelle d?Alger abrite l?exposition de l?artiste peintre Mohamed Oulhaci intitulée «?uvres récentes». L?exposition offre au regard, le nôtre, un ensemble d??uvres picturales, toutes exécutées aux couleurs pastel, couleurs tendres, délicates et pâles ; ouatées, légères et effacées. Elles s?emploient sur toute la surface et s?y diffusent, créant la forme ; la forme n?y est presque pas, seulement des parcours oblitérés, des lignes sinueuses, des traits élancés, des corps flous, inachevés, le tout formule des formes approximatives, illusoires ; de ces couleurs discrètes, une silhouette, imprécise, naît ; elle apparaît à peine dans une peinture pour disparaître juste après dans un autre tableau, elle réapparaît puis elle redisparaît, dans des mouvements alternatifs, mais d?une façon irrégulière, elle s?efface, ensuite elle se dessine, un jeu de «cache-cache» auquel ce profil féminin, qui nargue l?observateur par ces incessantes disparitions et réapparitions, se livre avec amusement, comme s?il s?agissait d?un jeu d?enfant. Il y a, en effet, une présence féminine dans la peinture de Oulhaci, celle-ci se voulant discrète, anonyme, manipule le regard de l?observateur, exerce un contrôle sur son comportement oculaire, une influence sur sa lecture qu?il dirige en direction de sa personne. Notre regard s?interroge sur ce personnage, une entité inconnue, énigmatique, et se livre à une tentative d?interprétation de l?espace pictural, ainsi que de son contenu, une lecture qui se fait de manière subjective. Cette entité féminine, aux formes à peine arrondies et aux contours quelque peu ondulatoires, est une émanation du subconscient de l?artiste, l?expression d?une existence psychique, d?un psychisme en état de dire, d?un désir fantasmatique retenu aux recoins du refoulé, et qui, au moment de l?expression picturale se libère, fait apparition dans une manifestation timide, cependant. Car l?inconscient, même s?il est libéré, murmure, ne se révèle d?une façon manifeste dans aucune peinture : l?artiste, comme s?il était encore retenu, ne matérialise l?image de celle qui l?obsède, hante ses pensées et contrôle ses gestes, que par des reflets insaisissables, impalpables, par des silhouettes anonymes, il se contente de la représenter sur des tons légers, ténus, et dans des apparences feutrées, mais le tout est projeté sur la surface du tableau avec une conscience soignée et une intelligence subtile, ainsi qu?avec une profonde sensibilité. Oulhaci entretient avec son personnage (la femme) un rapport étroit, intime ; une relation qui n?est que l?expression de l?érotisme que nourrit ce dernier pour celle dont la présence dans ses peintures est récurrente, et qui se traduit et se développe à travers les couleurs.