Objectif n La Maison-Blanche veut s'adapter aux changements tactiques d'Al-Qaîda qui utilise des «fantassins» isolés, dont certains avaient même la nationalité américaine. En avant-goût de la publication ce jeudi matin de la «Stratégie de sécurité nationale», un document sur la manière dont les Etats-Unis évaluent et contrent les menaces, un collaborateur proche de Obama a cloué au pilori hier (mercredi) la notion de «Guerre contre le terrorisme», leitmotiv de l'administration de George Bush. «L'ennemi n'est pas le terrorisme parce que le terrorisme n'est qu'une tactique», a expliqué le principal conseiller d'Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, devant un groupe de réflexion de Washington. La stratégie du Président est claire et précise : notre ennemi est Al-Qaîda et les groupes terroristes qui y sont affiliés parce que c'est Al-Qaîda qui nous a attaqués de manière si ignoble le 11 septembre», a rappelé le conseiller, reprenant une antienne déjà évoquée à plusieurs reprises par Obama. Mais près de neuf ans après ces attentats, Al-Qaîda a changé de tactique, a prévenu Brennan, qui précise : «Il est évident que nous faisons désormais face à une nouvelle phase de la menace terroriste.» «Nous avons rendu plus difficile pour eux de recruter et d'entraîner, donc ils comptent de plus en plus sur des recrues qui ont été peu entraînées. Nous avons renforcé nos défenses contre des attaques massives et sophistiquées, et ils essaient de commettre des attentats peu sophistiqués, mais avec l'intention ferme de tuer», a ajouté le conseiller. «Al-Qaîda cherche à recruter des fantassins qui pourraient passer à travers nos défenses en ne correspondant pas au profil traditionnel d'un terroriste», a-t-il expliqué. Brennan a cité à cet effet les cas du jeune Nigérian ayant essayé de faire exploser un avion de ligne au-dessus du territoire américain le jour de Noël, ou encore le père de famille américain d'origine pakistanaise soupçonné d'avoir voulu perpétrer un attentat à la voiture piégée à New York le 1er mai dernier. En outre, la propagande d'Al-Qaîda, relayée par des militants américains comme l'imam Anwar Al-Awlaki réfugié au Yémen, essaie d'inciter «des gens qui vivent déjà aux Etats-Unis à prendre les armes et à lancer des attaques terroristes de l'intérieur», a remarqué le responsable. Les Etats-Unis devraient réagir «posément, de façon raisonnée pour améliorer notre sécurité et retirer davantage de légitimité aux actions de notre ennemi». Il a cité les réformes déjà engagées par la Maison-Blanche, comme un rapprochement des différentes agences examinant la menace terroriste, pour «davantage de coordination» ainsi que la mise en place d'une base de données «en temps réel» pour donner l'alarme en cas de présence d'un individu à risque sur «tous les vols internationaux à destination des Etats-Unis». Brennan a aussi souligné «le rôle indispensable joué par des citoyens ordinaires», comme ceux qui ont permis de déjouer l'attentat de Noël en alertant la police de New York le 1er mai. Il a également déclaré : «Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes : quelle que soit sa puissance, aucun pays ne peut empêcher toutes les menaces de se concrétiser, et la tâche est encore plus difficile aux Etats-Unis, une société libre et ouverte de 300 millions de personnes». R. I. / Agences