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Le monstre Al Qaîda fait sa mue
AL-ZAWAHIRI S'ATTAQUE À BUSH, LA LIGUE ARABE ET LES ISLAMISTES
Publié dans L'Expression le 08 - 01 - 2006

Le long discours prononcé par le no 2 de l'organisation de Ben Laden transpose le combat sur le terrain politique et démocratique.
La chaîne satellitaire qatariote Al Jazeera a diffusé un long enregistrement de l'égyptien Ayman Al-Zawahiri, le no 2 de l'organisation Al-Qaîda, dans lequel il fait un large survol politique sur les questions de l'heure. Transposant le discours du registre religieux et volontiers hiératique, traditionnellement prisé par Al Qaîda, l'ancien chef du groupe «Jihad» égyptien critique de manière acide et détaillée, tour à tour, la démocratie occidentale, les «mensonges de Bush», le retrait des troupes américaines, le «suivisme» humiliant des Etats arabes, la participation « laïque » et vidée de toute sa substance islamiste des Frères musulmans en Egypte, l'«exemple algérien» et l'obséquiosité de la Ligue arabe. Vêtu de sa large gandoura blanche, d'un turban blanc ramené sur le buste, le noir étant destiné pour les déclarations de guerre, Al Zawahiri, apparemment, tenait à disséquer, de manière froide et décalée, la situation politique internationale, induite par l'hyper-hégémonisme américain. Les plus vertes critiques ont été destinées, comme il se doit, à G.W.Bush. Le no 2 d´Al-Qaîda, Al-Zawahiri, a appelé le président américain George W.Bush à «admettre sa défaite en Irak», estimant que l´annonce d´un prochain retrait des troupes américaines était une victoire de l´islam. «Bush, tu dois admettre que tu as été vaincu en Irak et que tu es en train de l'être en Afghanistan et tu seras vaincu bientôt en Palestine avec l'aide et la force de Dieu». "Aujourd´hui, je félicite et je bénis la nation islamique pour la victoire de l´islam en Irak", a-t-il encore ajouté. «Vous vous rappelez, mes frères musulmans, que je vous ai dit, il y a plus d´un an, que le départ des Américains d´Irak n´était plus qu´une question de temps", a-t-il rappelé, en référence à l´un de ses anciens enregistrements. "Les voilà (les Etats-Unis), aujourd´hui, avec la grâce de Dieu, en train de supplier pour sortir d´Irak et mendier des négociations avec les moujahidine"(...) "Bush a annoncé, fin novembre, qu´il allait retirer ses troupes d´Irak, mais il justifie son retrait en disant que les troupes irakiennes ont atteint un bon niveau".
Le 26 novembre, la Maison-Blanche s´était déclarée en accord avec un plan de retrait graduel des troupes américaines à partir de 2006 proposé par un sénateur démocrate. Mais le 30 novembre, M.Bush a refusé toute idée de calendrier de retrait des troupes américaines. Le numéro deux d´Al-Qaîda, Aymane Al - Zawahri, a aussi critiqué les Frères musulmans pour leur participation aux élections en Egypte, affirmant qu´ils ont fait le jeu des Américains. Prétendant citer des propos adressés par Washington aux Frères musulmans, Zawahiri indique: «Nous vous permettrons de prendre le pouvoir à condition d´oublier la chariaa, de saluer la présence des bases des Croisés dans vos pays et de reconnaître la présence juive». Ancien membre actif des Frères musulmans, Al-Zawahiri a rejoint un groupe de radicaux vers la fin des années 70, et a contribué à la création du groupe «Jihad», dont il est un des fondateurs et théoriciens.
Dans une étude-opuscule parue en 2002 , sous le titre de «l'Amère moisson des Frères musulmans en Egypte», il avait déjà évoqué l'inanité des efforts politiques des islamistes égyptiens et de tous les autres, Algériens et Saoudiens, notamment, et avait insisté sur la nécessité de passer à l'action armée pour changer les régimes «par le haut». Aymane Al-Zawahri, a en outre consacré une « bonne » place à la Ligue arabe , en l'accusant d'avoir agi au profit des Etats-Unis, notamment en accueillant une Conférence de réconciliation sur l´Irak fin novembre au Caire.
Le duopole Ben Laden Al Zawahiri
"La Ligue arabe --la vieille, la muette, la sourde-- essaie aujourd´hui de vider de leur sens les sacrifices" offerts par les rebelles en Irak, a ironisé Al Zawahri. "Soudain, la vie a soufflé en elle (la Ligue) et le sang du pouvoir américain a coulé dans ses veines arides", poursuit le numéro deux de l´organisation d´Oussama Ben Laden. Lors de la conférence du Caire, la Ligue a "rassemblé les marchands de guerre et les valets des Etats-Unis en Irak (...) pour publier un communiqué de réconciliation".
En faisant une nouvelle apparition, tout à fait impromptue, Al-Zawahiri a dévoilé en fait, les nouvelles transformations d'Al Qaîda. Tout d'abord, il se pose comme le véritable nouveau maître du jeu de l'organisation . Ben Laden est relégué au deuxième rang. Il y a quelques semaines, l'ancien chef des services secrets saoudiens, Turki Al Fayçal, qui a pris officiellement ses fonctions d'ambassadeur d'Arabie Saoudite aux Etats-Unis, avait fait des révélations intéressantes à propos d'Al Qaïda, de Ben Laden et de l'avenir du djihad dans le monde arabe à l'ombre de la suprématie américaine. L'ancien patron des services secrets du royaume d'Al Saoud a eu des relations privilégiées avec les islamistes, dont Oussama Ben Laden lui-même, dans les années quatre-vingt, d'où l'intérêt de ses thèses. En outre, c'est un connaisseur avisé et un fin observateur de tous les mouvements islamistes radicaux depuis la naissance des Frères musulmans à Ismaïlia, en 1927.
Et tous les spécialistes des affaires liées au terrorisme islamiste savent quel crédit lui portent les responsables américains. D'où, peut-être, sa désignation à Washington à partir du mois de novembre 2005. Turki Al Fayçal estime que le duopole Ben Laden-Al Zawahiri a atteint ses extrêmes limites et que , désormais, c'est le second qui semble prendre le pas sur le premier. Il explique cela par le fait que c'est l'Egyptien qui donne désormais les orientations, fait des apparitions et dirige la guerre. «Evidement, Al Qaîda c'est Ben Laden et Al Zawahiri réunis, mais c'est Ben Laden qui est le héros du djihad.C'est lui le chef emblématique et le modèle des combattants islamistes. Or, Al Zawahiri n'a rien à lui envier. Au contraire. C'est le théoricien et la matière grise d'Al Qaîda. Ben Laden a surtout compté pour avoir permis le financement, la logistique, l'encadrement et l'entraînement des troupes. Aujourd'hui, il est temps pour Al Zawahiri de prendre la relève.» Depuis près d'une année, Ben Laden, amaigri, fatigué, semble effacé. C'est Al Zawahiri qui rédige les communiqués d'Al Qaîda et apparaît dans les enregistrements diffusés par l'organisation, et c'est lui qui devient peu à peu l'interlocuteur médiatique des puissances occidentales et qui revendique les attentats. Que devient Ben Laden? «On dit qu'il est mort, ou très malade, peut-être blessé. Moi je sais qu'il est toujours en vie. En fait, tout indique que Al Zawahiri se prépare pour prendre la direction d'Al Qaîda. Non qu'il s'agisse d'une lutte de leadership au sein du commandement de l'organisation, mais le moment semble propice pour Al Zawahiri d'imposer son propre plan. Bien sûr, il s'agit de deux personnages influents, qui ont, chacun, leurs propres visions, mais ils semblent être deux facettes d'une même idée du djihad» avait estimé Turki Al Fayçal.
Un cas unique
Depuis l'invasion américaine contre les talibans, Al Qaîda avait perdu un régime ami, un appui politique solide, une terre d'islam, car Ben Laden considérait que «pour le djihad, il n'y avait que deux territoires libérés : la Tchétchènie et l'Afghanistan», mais Al Qaîda avait aussi perdu une partie de ses troupes, des bases, des dépôts d'armes, des centres de commandement, des unités de combat. Le changement devait rapidement chambouler les trois structures existantes: la direction, l'organisation militaire et l'infrastructure terroriste.
La brigade 055, l'unité d'élite d'Al Qaîda, avait été détruite. L'organisation avait les moyens de remettre sur pied une unité semblable en six mois seulement, mais ne l'a pas fait. Désormais, il fallait travailler «hors norme», c'est-à-dire dans les pays mêmes que l'on veut attaquer. Cette théorie se vérifie sur la personne de Mohamed Atta, un des principaux auteurs des attaques du 11/9: c'était un homme de belle allure, très bien intégré dans la société américaine, instruit et séduisant. Sous ce profil, se cachait le combattant aguerri, préparé psychologiquement et forci par la foi dans sa cause: le djihad. Ce sera le choix fait pour l'avenir. L'invasion de l'Irak donne une nouvelle impulsion à Al Qaîda. Sur le plan idéologique, elle trouve dans la guerre contre l'Irak tous les arguments de son djihad. La vidéo est menée à son paroxysme.
Les sites internet djihadistes affiliés ou proches d'Al Qaîda prolifèrent sur la Toile. On en compte près de deux cents, accessibles à tous, et rédigés dans les principales langues du monde. L'idéologie millénariste du groupe trouve le ton juste, l'argument concret et la détresse des musulmans pour passer d'un stade théologique à un autre politique, réel et convaincant. En matière de communication, Al Qaîda utilise essentiellement des courriers humains et des messages e-mails codés, utilisant des logiciels de brouillage en usage dans les milieux d'affaires et disponibles dans le commerce. Selon l'universitaire sri-lankais, Rohan Kumar Gunaratna, considéré à juste titre comme un des meilleurs spécialistes d'Al Qaîda, «les services de renseignement britanniques ou la National Security Agency (NSA) aux Etats-Unis sont incapables de casser les codes et de lire ces e-mails».
En Grande-Bretagne, moins de 5% des communications d'Al Qaîda sont interceptées. Le réseau de communication du groupe reste intact et opérationnel. Pour la plupart des centres de recherches stratégiques, Al Qaîda constitue un cas unique dans l'histoire moderne des organisations armées. C'est, en fait, le premier groupe terroriste multinational de l'histoire. Constitué à l'origine par des Saoudiens, des Egyptiens, des Yéménites, des Algériens (Kari Saïd), etc., elle a regroupé jusqu'à 60 nationalités différentes et était présente à un moment ou à un autre dans 94 pays différents. «Réseau des réseaux» ou «organisation des organisations», elle recourt à la haute technicité, à la technologie de pointe et à la recherche de l'innovation. Al Qaîda reste encore à la pointe des techniques du terrorisme et Gunaratna considère que c'est le seul groupe qui ait manifesté un intérêt constant pour les armes biologiques, bactériologiques et nucléaires, et qui ait les moyens de les obtenir, de les développer, de les utiliser.
Mais voilà, enfin, la plus grande force d'Al Qaîda: c'est une organisation qui peut survivre à la mort de son chef, Oussama Ben Laden. Al Qaîda est passée d'une organisation armée à une idée abstraite et conquérante à la fois, d'une stratégie des attentats ciblés à un terrorisme de masse. A partir de là, tout le monde peut agir et se revendiquer d'Al Qaîda. L'organisation-mère est devenue un label, une marque de fabrique, et partout dans le vaste univers arabo-musulman, on peut devenir «concessionnaire» d'Al Qaîda, son revendeur, sa filiale, son dépôt ou son représentant. L'important c'est d'exporter sa stratégie, de créer partout ses mosquées et de diffuser ses messages.


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