Résumé de la 2e partie n Alexander Pope constate, en arrivant chez lui, qu'il a perdu sa montre. Il en parle à son chien Marquis... Soudain,celui-ci s'élance et disparaît dans la nuit. La nuit est complète et la vie de la maisonnée a repris son rythme. Mister Groven procède aux ablutions nocturnes de son maître et l'aide à revêtir sa chemise de nuit. Mais cette nuit-là Alexander Pope ne trouve pas le sommeil. Une longue lettre à ses amies les sœurs Blount pour leur conter sa mésaventure ne parvient pas à lui calmer les nerfs. Enfin, aux premières heures du jour, il sombre dans le sommeil, épuisé par une double angoisse : et si, en plus d'avoir perdu la montre de la reine, il allait ne plus revoir Marquis, son caniche adoré... Le breakfeast ne console pas le poète... Mais il entend soudain un remue-ménage au rez-de-chaussée : des cris qui lui semblent exprimer l'étonnement et la joie. Puis, des coups précipités retentissent sur le panneau de chêne de la porte. Pope, le cœur battant, crie avec une nuance d'impatience : — Entrez ! Qu'est-ce que c'est ? Il n'a pas besoin d'entendre la réponse. Marquis, bousculant la vieille Mistress Bess, la fidèle gouvernante de Pope, vient de faire irruption dans la chambre. Son poil frisé est tout plein de brindilles sèches et de feuilles mortes. Il saute sur le lit de son maître. En temps normal Marquis sait que la chose est formellement interdite mais aujourd'hui Marquis est certain qu'il a tous les droits. Dans sa gueule écumante, Pope voit briller une merveille : la montre de la reine. Comment le caniche a-t-il compris la mission que son maître lui avait confiée la veille au soir ? Mystère. Où son instinct l'a-t-il mené pour retrouver le bijou précieux ? Mystère encore. Ce jour-là Marquis obtient le droit de rester toute la journée couché sur le lit du poète. Cependant, après ce moment de joie et de liberté il faut bien que tout rentre dans l'ordre. Aussi, dès le lendemain le malheureux caniche se voit à nouveau, comme chaque soir, chassé de la chambre de Pope pour aller passer la nuit dans la grande salle du bas... Donc, après ce moment exceptionnel la même scène se renouvelle chaque soir. Après une journée passée à se promener en compagnie d'Alexander Pope, après une «tea-party» où Marquis obtient sa part de buns et de scones, de muffins et autres brioches grillées et beurrées, Marquis se retrouve face à face avec l'insupportable et sournois Mister Groven qui dit : — Marquis, il est l'heure de sortir ! Marquis, comme d'habitude, au lieu d'obtempérer essaie de gagner du temps en montrant les dents d'une manière féroce. Mister Groven prend un air de circonstance. Parfois, devant les crocs menaçants du caniche le domestique bat en retraite. Alors Pope appelle : — Mistress Bess, je vous prie, pouvez-vous faire sortir Marquis ? Il sent le chien mouillé et cette odeur m'insupporte. Ce qui est bizarre, c'est que Marquis obtempère immédiatement, dès que Mistress lui dit gentiment : — Viens, mon chien, il est temps de descendre. Pope en vient à conclure que ce qui fait retrousser les babines de son merveilleux chien ce ne sont pas les ordres, ce n'est pas le déplaisir de dormir seul en bas, c'est simplement le fait d'avoir affaire à Mister Groven... Pourquoi ? Mystère ! Mister Groven est du genre à se plier à tout, même aux besognes les plus humiliantes. Peut-être Marquis a-t-il du mépris pour les domestiques trop rampants. Si par hasard, l'hiver, le pauvre bossu attrape un coup de froid, on permet exceptionnellement à Marquis de demeurer dans la chambre de son maître et même de dormir sur le lit. A suivre Pierre Bellemare