Résumé de la 1re partie n Après s'être assoupi sous un arbre, Alexander Pope, toujours accompagné de son chien Marquis, pense à rejoindre son cottage... Mister Groven est là, l'air toujours aussi fuyant. Il affecte de s'inquiéter au plus haut point de la santé du maître. En fait, Mister Groven est réellement inquiet car si un malheur arrivait à Pope il verrait ses projets tomber à l'eau... Une fois installé devant un thé bouillant et un bon plateau de buns et de scones, de muffins et autres brioches beurrées grillées à la flamme de la cheminée, Pope se dit que la gloire et l'argent donnent bien des consolations à ceux que la chance a touchés de sa baguette. — Au fond, quelle heure est-il ? Pope met sa main dans la poche de son gilet de velours vert, là où il glisse sa montre. Il est surpris de trouver la poche vide. — Voyons, où est la montre de la reine ? Serait-elle dans un autre gilet ? Pope réfléchit. Après la promenade, il a éprouvé le besoin d'un bain chaud. Puis, il a revêtu une tenue convenant à une soirée tranquille chez soi. A-t-il changé de gilet ? A-t-il mis la montre dans la poche de sa redingote de velours vert mousse ? Le poète bossu sent la sueur couler sur son front couleur d'ivoire : la montre perdue est un cadeau de la reine. Sous le couvercle d'or, une miniature représente la souveraine, Caroline d'Ansbach ; la montre est ornée de diamants et de rubis enchâssés avec le plus grand art. C'est dire si le poète y tient. Un soupçon lui vient. — Que tout le monde se réunisse immédiatement au salon ! Toute la domesticité arrive, du cocher au jardinier, en passant par les filles de cuisine. Le maître a sa tête des mauvais jours, ou du moins sa tête des jours de rhumatismes. — Je cherche en vain la montre de la reine. Impossible de la retrouver. Quelqu'un l'aurait-il vue ? Personne n'a vu la montre magnifique que tout le monde a pu admirer de loin dans la main du maître. Pope, à tout hasard, ordonne : — Qu'on fouille partout ! Si elle réapparaît, nous n'en parlerons plus. Suis-je bien clair ? Tout le monde comprend : si la montre réapparaît... miraculeusement, le maître n'en demandera pas plus... Encore faut-il que le bijou mécanique soit entre les murs du cottage. Marquis suit toute cette agitation d'un œil indifférent. La seule personne à laquelle il porte attention est son cher maître. Pope, au fil des heures, en vient à désespérer de retrouver la montre de la reine. Soudain, il remarque Marquis qui semble vouloir lui «dire» quelque chose. Mais quoi ? — Marquis, mon cher Marquis, si tu pouvais comprendre mon problème ! Le caniche fixe le poète. Le poète fixe le caniche et soudain dit : — Marquis, mon Marquis, va dans la forêt ! Après tout, peut-être la montre a-t-elle glissé de ma poche quand je me suis assoupi au pied du grand chêne. Si je savais exactement où est ce chêne, j'irais moi-même fouiller dans les feuilles mortes et la mousse. Mais comment retrouver ce chêne ? Marquis, toi tu peux le retrouver. Va, Marquis, va ! Cherche, mon bon chien ! Pope se dirige vers la porte d'entrée du cottage. Il l'ouvre et fit un geste vers l'extérieur. La nuit est déjà complète mais Marquis semble plein de bonne volonté. Un dernier regard droit dans les yeux de son maître et le gros caniche noir s'élance dans la nuit. Pope le voit disparaître et pense : «Où peut-il bien aller comme ça ? Comment comprendrait-il ce que je cherche ?...» A suivre Pierre Bellemare