Résumé de la 1re partie n Francine recueille une chatte, Kikine, qui va bientôt prendre ses aises dans la maison... Au printemps, Kikine disparaît un jour. Elle est sortie une nuit et ne revient pas. Francine passe des heures dans son jardin à appeler : — Kikine ! Kikine ! Où es-tu ? Viens ! Maman t'a acheté de bonnes croquettes. Francine agite la boîte de croquettes comme s'il s'agissait de maracas. D'habitude, ce bruit a un effet magique, et en l'entendant la Kikine arrive à toute vitesse pour déguster sa friandise préférée, mais aujourd'hui le bruit des croquettes reste sans effet. Francine est un peu triste. Elle se dit : «Après tout, il faut que la nature ait ses droits. La Kikine aura rencontré un amoureux. Un de ces jours, elle reviendra le ventre gonflé et l'œil plein de mélancolie. Et puis elle ira se cacher dans un placard pour y accoucher d'une portée. Là, ma fille, il faudra être ferme et ne pas te laisser attendrir. Qu'ils soient noirs, blancs ou roux, les enfants du péché devront disparaître. Je demanderai au père Dufresne d'aller les noyer...» Or, contrairement aux prévisions, Kikine ne réintègre pas le foyer de sa bienfaitrice. Cependant, elle réapparaît à la lisière de la forêt. Lorsque Francine l'appelle, elle ferme un instant ses grands yeux dorés. Elle semble dire : «Oui, c'est moi, je t'entends ! Bonjour ! Ne t'inquiète pas, je me suis installée différemment. Tout va bien !» Francine a apporté un bol plein de croquettes. La Kikine s'approche prudemment et prend délicatement une croquette entre ses dents. Mais dès que Francine essaye de prendre la chatte entre ses bras, la jolie sauvage fait un bond en arrière. Elle ferme encore les yeux et disparaît, la queue en l'air, vers les mystères du sous-bois... Francine soupire : — Eh oui, c'est la vie ! Un chat n'est pas un chien. Enfin, elle a l'air en bonne forme. Qui sait, elle reviendra peut-être quand il fera vraiment froid... Alors là, oui, elle saura où se trouve le panier près du radiateur et elle essaiera de remonter dans le lit pour dormir au creux de mon cou ! Mais ça ne se passera pas comme ça ! J'y mettrai mes conditions : d'abord, plus de fenêtre ouverte toute la nuit. Et j'exigerai une obéissance au doigt et à l'œil !... Une obéissance au doigt et à l'œil ! Des exigences ! Avec une Kikine des bois. Tu rêves, ma pauvre Francine ! Francine a toujours peur que la Kikine se fasse écraser par une des voitures qui filent sur la route en traversant la forêt. Cela devient une obsession. Chaque matin, elle examine l'asphalte, dans la crainte d'y découvrir un cadavre noir, blanc et roux. Celui de la Kikine. Et un matin, Francine a un choc. Là-bas, de l'autre côté de la route, un pauvre corps inerte et sanguinolent lui semble bien être celui de sa chère Kikine. Francine s'élance... Deux jours plus tard Francine se réveille dans une chambre inconnue. Où est-elle ? Elle ne reconnaît rien dans ces murs blanc-bleu. Elle sait seulement qu'elle a mal, très mal, à la tête, aux jambes. Quelque chose est planté dans son bras : une aiguille reliée à un mince tuyau. Au-dessus d'elle un flacon de verre rempli d'un liquide transparent. Une femme entre, toute vêtue de blanc. — Alors, mademoiselle, vous reprenez conscience. Vous l'avez échappé belle, vous savez ; — Mais qu'est-ce qui m'est arrivé ? — Vous ne vous souvenez de rien ? Vous avez été renversée par une voiture devant chez vous. On a bien cru qu'on n'allait pas pouvoir vous sauver. Heureusement que le professeur Guilledon était là. Il fait des miracles, cet homme... Francine demande : — Kikine ! Est-ce que ma Kikine est morte ? Evidemment, personne n'est allé voir si le cadavre de chat tricolore qui avait jeté Francine sur la route était ou non celui de la chère Kikine... (à suivre...)