Arrivés au milieu du lac, les cavaliers n'ont plus de force pour continuer. Ils s'arrêtent. Le cheval de Sidi Aïssa s'arrête aussi, sans que son maître l'ait incité à le faire. L'homme, lui, la tête toujours baissée, médite, adressant à Dieu des prières muettes... — Si seulement il regardait de notre côté, dit un homme, il verrait dans quel état nous sommes, peut-être ferait-il alors quelque chose ! — C'est vrai, disent en chœur les autres, c'est un homme aimé de Dieu, il a déjà réalisé des miracles ! On lui envoie donc un homme qui s'approche timidement de lui. — Maître…, murmure-t-il à voix basse, de peur de déranger le saint. Comme Sidi Aïssa est plongé dans ses prières, il doit hausser le ton pour se faire entendre. — Maître... Sidi Aïssa lève la tête, le visage crispé, comme s'il était irrité d'être dérangé dans ses prières. — Oui ? dit-il. — Sidi, nous allons tous mourir de soif ! Et, les sanglots dans la voix, il lui demande d'intervenir. Le saint saisit alors sa canne, se baisse et la plante d'un coup, en murmurant le nom de Dieu. Aussitôt une source jaillit. Les hommes et les bêtes boivent à satiété. Cette source existe jusque de nos jours et porte le nom de Hassi Sidi Aïssa, la source de Sidi Aïssa... Les hommes remplissent leurs outres et la troupe reprend sa marche, jusqu'au lieu où Sidi Aïssa a décidé de bivouaquer.