L'orange amère – celle-là qui est justement appelée naranj en arabe – est originaire de l'Asie du Sud-est. Les musulmans vont répandre sa culture dans leurs zones d'influence, au Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Andalousie. Les Croisés, de retour de Palestine, l'introduisent en Europe. Pendant longtemps, ce sera, dans cette région du monde, la seule forme d'oranger cultivé. La bigarade n'était pas consommée comme fruit, mais on faisait confire son écorce qu'on utilisait pour un usage médical et l'on tirait du parfum de ses fleurs. C'est Christophe Colomb qui introduira la bigarade dans le Nouveau-Monde : il (le fruit) va trouver le sol et le climat propices à son développement. Aujourd'hui, le bigaradier est très cultivé dans le monde. Il n'a pas l'importance de l'oranger, mais ses fruits sont très utilisés. En Extrême-Orient, on mélange ses feuilles séchées aux feuilles de thé. Des fleurs, on tire encore l'essence de néroli, qui est plus aromatique que les fleurs d'oranger, et que l'on emploie beaucoup en parfumerie. De la bigarade, on tire également des liqueurs ainsi que des boissons gazeuses, on l'utilise également en pâtisserie et dans les parfums de glace. De l'écorce de la bigarade non mûre, on tire une essence qui sert à aromatiser les liqueurs. Les feuilles et les rameaux dégagés lors de la taille de l'arbre fournissent une autre essence utilisée en pharmacie et en parfumerie. Une fois l'essence de fleurs de bigarade distillée, on tire du résidu une eau appelée «eau de fleur d'oranger», très employée dans l'art culinaire oriental et maghrébin.