C'est connu, la lutte d'influence passe par la maîtrise des flux d'images, que ce soit pour répandre une vision positive de son pays et attirer les investisseurs étrangers, favoriser sa propre expansion économique, rassembler des diasporas de même culture et de même langue, défendre une “ vision du monde ” ou propager une idéologie… La Russie qui reprend du souffle ces dernières années l'a bien compris ! Après avoir lancé en décembre 2005 sa chaîne d'information continue, Russia Today, qui émet en anglais, elle a ouvert ses canaux le 04 mai dernier à une chaîne analogue en arabe. Elle est baptisée Russia Al-Yawm, l'équivalent de Russia Today et fait travailler 500 personnes, dont 100 journalistes arabophones. Au départ Russia Today, était lancée pour lustrer l'image de la Russie mise à mal par les médias étrangers au regard de la guerre en Tchétchénie. Ainsi est née donc cette chaîne sous l'égide de l'ancien chef du bureau moscovite d'Al-Jazeera, Russia Al-Yawm. Elle dispose d'un budget de 30 millions de dollars et émet vers l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie, et compte surtout être présente au Proche-Orient et en Afrique du Nord ; des contrées qu'elle cible spécialement du fait de la langue et de la position politique du Kremlin par rapport à la paix au Proche-Orient. Tout en estimant le nombre potentiel de téléspectateurs à 300-350 millions de téléspectateurs au Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Europe, Russia Al-Yawm se veut être un canal qui présenterait la position du Kremlin sur plusieurs questions importantes aux spectateurs arabes du monde entier. Cette nouvelle chaîne satellitaire financée par la Russie, a été créée par la même entreprise de presse qui avait lancé la chaîne Russia Today en 2005 pour donner une vision russe de l'information à l'attention d'un public anglophone. Russia Today TV ou RTTV en version anglaise a été lancée par l'agence gouvernementale Ria-Novosti qui l'abrite dans ses locaux moscovites. C'est la toute jeune journaliste Margarita Simonian qui a été propulsée, à 26 ans seulement, à la tête de ces deux chaînes, Russia Today et Russia Al-Yawm, qui tient les rênes de ces canaux. Son ambition, elle la traduit en une seule phrase : “ Nous voulons diffuser l'avis de la Russie sur le monde et faire en sorte que la Russie soit mieux connue.” Au-delà de son ambition de redorer l'image de la Russie plutôt ternie par des comptes rendus tendancieux des médias étrangers, Russia Al –Yawm voudrait surtout conquérir un vaste public dans un marché mondial de l'information hyperconcurrentiel et au premier plan, le Moyen-Orient et le reste des pays arabes. Cette chaîne (Russia Al-Yawm) qui est, selon les professionnels, l'une des plus performantes sur l'échiquier médiatique du monde, diffuse des programmes surtout consacrés aux particularités de la démocratie russe, aux nuances de la législation en matière de la réglementation fiscale, souhaiterait étendre son champ d'investissement vers les hommes d'affaire arabes, et tout ceux qui voudraient investir en Russie. Le monde des médias éclate. Il devient de plus en plus concurrentiel, “ polyglotte ”, et pluriel. Les téléspectateurs auront ainsi, après la quatarie Al Jazeera, la saoudienne Al Arabya ou encore l'américaine Al Hurrah, à découvrir un autre son de cloche dans cet univers en transformation, avec la toute jeune, Russia Al- Yawm.