Le théâtre «stimule moins un art de vivre qu'il ne donne vie à l'art», a estimé un chercheur spécialisé dans le 4e art, invité d'une rencontre bihebdomadaire organisée par le club de réflexion de la maison de la culture de Mila. Abordant, par le conte et l'anecdote, la dualité complexe qui résume les débats sur l'essence de la dimension artistique du père des arts, à savoir que «le théâtre est une imitation de la vie», Abelhalim Bouchraki, lui-même metteur en scène, a soutenu que la conception du théâtre authentique conteste cette maxime. «Le théâtre algérien a débuté il y a plus d'un siècle avec une mise en scène du conte de Djeha», a souligné ce chercheur, rappelant qu'à l'époque cette première pièce du théâtre algérien avait regroupé plus de 1 500 spectateurs. Le succès de cette «pièce témoin» revient à «l'enracinement de la personnalité de Djeha dans notre patrimoine ancestral à travers, notamment, l'étendue du conte populaire», a-t-il indiqué, soutenant que cet aspect narratif, pris en charge par nos grands-parents, souligne indéniablement la présence de l'équation identitaire dans le théâtre algérien. D'où l'intitulé de la communication présentée par M. Bouchraki, «Les fondements de l'identité nationale dans le théâtre algérien». Il a illustré ces propos, d'une part, par l'exemple de l'expérience d'une des figures emblématiques du théâtre algérien, le défunt Abderrahmane Kaki, à travers des pièces phares telles que El Gareb oua Salhine et Beni Kalboune, dont les sujets ont été inspirés des contes et légendes populaires célèbres dans l'Oranie et, d'autre part, par le travail du regretté Abdelkader Alloula, notamment la mise en scène inoubliable des pièces de Homk Salim (la bêtise de Salim) et El Adjoued. Pour M. Bouchraki, les anciens registres (genre) artistiques, en l'occurrence El Halka et El Meddah «ne peuvent pas être considérés, en soi, comme une expression théâtrale». Car ils constituent, a-t-il dit, des ingrédients artistiques pouvant être exploités sur une scène de théâtre pour donner plus de couleur et appuyer allègrement la notion d'identité et d'authenticité.