Les autorités ont procédé ce matin à la démolition des chalets où résident 139 familles à proximité de l'APC. Certaines de ces familles ont été installées dans ces chalets avant l'indépendance. Appuyés par les Casques bleus, c'est à coups de bulldozers que les services de l'APC ont entamé la démolition, ce matin, obligeant les familles et leurs enfants à quitter les chalets, occupés depuis très longtemps. «Nous sommes là depuis 1958. Ils nous y ont casés après la construction de l'autoroute des Deux Bassins», crie une vieille femme. D'autres ont occupé cet endroit depuis le début des années quatre-vingt, suite aux intempéries ayant affecté la commune de Bab El-Oued. Les quelques familles avec lesquelles nous nous sommes entretenus ce matin affirment qu'elles sont lésées, voire trahies, par les autorités qui leur ont promis une prise en charge. En effet, leur séjour dans ces chalets qui devait au départ être provisoire, pour une période ne devant en aucun cas excéder trois années, s'est finalement éternisé. Du côté des autorités, nous avons appris de certains agents de l'administration – l'accès à l'intérieur de l'APC étant bloqué au moment ou nous mettions sous presse – que ces familles refusent d'aller habiter dans les nouveaux appartements qu'on leur a attribués au niveau de la localité de Baba Hassan. Toutefois, les familles en colère nous ont déclaré qu'il s'agit là d'appartements de type F1, trop exigus pour loger l'ensemble des membres de la famille. «Les familles épaulées sont logées dans des F4 à Draria», dira une femme en pestant contre la politique de deux poids deux mesures, pratiquée, selon elle, par les autorités locales de Ben Aknoun. Le moins que l'on puisse dire est que la situation restait très tendue ce matin.