Douze familles, occupant des constructions illicites situées dans le domaine Ahmed Medeghri, non loin de la cité des 150 Logements (Rouiba), se sont retrouvées dans la rue après la démolition de leur bâtisse, sur décision des autorités locales. Cette situation dure depuis le 27 juillet dernier, date de l'exécution par les services de la sûreté urbaine de Rouiba, sur injonction du président d'APC de la même localité, de la décision de démolition prise le 11 et le 23 juillet dernier. Auparavant, un préavis a été signifié aux familles concernées. La raison invoquée par les autorités locales serait, selon les habitants que nous avons rencontrés au cours de notre déplacement sur les lieux, la construction prochaine sur cette assiette d'une nouvelle école primaire. A notre passage, une pelle mécanique s'affairait toujours, sous le regard incrédule et résigné des habitants, à déblayer le terrain. Pour pallier au plus urgent, des baraquements faits de bric et de broc ont été aménagés par les occupants des lieux. « Il y a des malades parmi nous. Mon frère, un handicapé mental avec 4 enfants, ne peut plus subvenir aux besoins de sa famille. Je ne sais plus où aller avec ma petite famille », se plaint Mohamed Nadjib Benhadid qui précise, par ailleurs, avoir habité et travaillé au domaine Ahmed Medeghri pendant 30 ans. « Les certificats de résidence et les cartes de vote en ma possession en font foi », soutient-il. A en croire notre interlocuteur, des attestations de sinistrés portant des adresses ont été délivrées par les services de la circonscription administrative de Rouiba au profit de ces familles. « J'ai bénéficié d'un lot de terrain en 1991, mais je ne l'ai pas reçu jusqu'à ce jour », souligne M. Benhadid. La commune, rappelle-t-il, a déjà procédé en 2003 à la démolition des maisons, et la voilà revenue à la charge avec la même décision. « Le maire qui a pris cette décision de démolition a supervisé en personne l'opération, tout en nous conseillant d'aller voir du côté du wali délégué. La même litanie nous est servie à la circonscription de Rouiba », s'est-il indigné. « On démolit les maisons qu'on a construit sans que quiconque nous vienne en aide. Les autorités locales se rejettent la responsabilité. Elles n'ont même pas daigné nous héberger décemment dans les chalets qui se trouvent à la rue qui mène vers Aïn Taya. Ces chalets sont occupés par les familles touchées par le tremblement de terre du 21 mai 2003 », expliquent les occupants des baraquements. « Les enfants qui souffrent de cette chaleur caniculaire et de la poussière que dégage le terrain sont notre plus grand souci. Il y en a même qui ont chopé des maladies et se trouvent actuellement dans un état plus que lamentable », lâchent-ils. Néanmoins, il faut relever que certaines familles se trouvant sur ce terrain vague occupent les lieux depuis 7 ou 8 ans. Elle ont fui le terrorisme qui sévissait dans la région de Boumerdès. « L'approche de la rentrée scolaire et de Ramadhan ne nous facilite pas les choses. Cela fait 15 jours que nous dormons à la belle étoile. On a envoyé des courriers partout, mais sans résultat. C'est partout la même rengaine. Nos souffrances ont trop duré », fulminent nos interlocuteurs. Ils menacent de recourir à la rue si des solutions ne leur sont pas proposées dans les plus brefs délais par les services compétents. Nous avons essayé, vainement, d'avoir la version du président de l'APC ou, tout au moins, celle de ses adjoints. « Le secrétaire général ainsi que les vice-présidents de l'APC sont tous en congé », se contente-t-on de dire au niveau l'APC de Rouiba.