Se présentant comme un fervent opposant au système politique en place et à ses «dépassements» constatés à tous les niveaux, politique, économique et social, Ali Fawzi Rebaïne, candidat à l?élection présidentielle, parle de son constat d?échec du quinquennat de Bouteflika. A l?occasion de la réunion jeudi des coordinateurs de wilaya de son parti, Ahd 54, M. Rebaïne a animé une conférence de presse dans laquelle il a tiré à boulets rouges sur les institutions publiques, en l?occurrence l?APN, le Sénat, les APW et les APC qui brillent par leur «absence et qui restent confinées, selon le candidat, dans une politique de quotas». Des pratiques qui prouvent aujourd?hui, selon M. Rebaïne, que les institutions n?ont «jamais été l?émanation de la volonté populaire» et qu?elles sont «soumises au diktat des responsables». Une situation qui justifierait la protesta qui se propage peu à peu à travers le pays et qui exprime un malaise social qui va en s?accentuant ces dernières années. Le président de Ahd 54 a, en outre, dénoncé les «contradictions» de l?appareil judiciaire dans son traitement du conflit FLN-FLN, exprimant sa «désolation» par rapport à une justice des «forts et riches» qui a pris le dessus sur celle des pauvres. Considérant que la «dictature» a toujours marqué le régime au pouvoir et que «les dictateurs se reconvertissent au gré du vent et au gré des politiques», M. Rebaïne estime que la neutralité de l?Administration n?est qu?un rêve, qu?il est toutefois possible d?atteindre à condition de faire le bon choix et de lutter pour arracher les libertés. Il citera, pour exemple, l?absence de sanctions contre les fraudeurs de 1999, dénoncée dans le dossier établi par son parti et remis à la commission de contrôle des élections. Il parlera également de la réconciliation civile «imposée» aux victimes qui n?ont pas pardonné à leurs bourreaux ou encore le dossier des disparus qui est un drame social dont les vérités n?ont pas été dévoilées et de la levée de l?état d?urgence qui serait «une carte politique que joue le pouvoir» pour maintenir un statu quo «qui dure depuis 1999». L?absence de pluralisme politique et syndical explique, selon M. Rebaïne, le chaos socio-économique que vit le pays. Il justifie son refus de rejoindre le groupe de 10+1 qui s?est élevé contre la personne et non contre le politique chez le chef de l?Etat, parce qu?ils sont issus du «même système politique». Dans son programme d?action qui prévoit une réforme générale, le candidat à la présidentielle propose la révision du statut des juges qu?il faut protéger contre toute forme de pressions politiques ou sociales. Il appelle à la refonte du système économique qu?il veut construire sur des bases scientifiques et transparentes, notamment la levée du secret bancaire pour connaître l?origine du flux monétaire et sa circulation interne. M. Rebaïne propose, en outre, la révision du statut des douaniers et celui des impôts qui, «à ce jour, ne participent pas à l?économie du pays» et soutient qu?il emploiera tous ses efforts pour bannir les interférences politiques dans la gestion économique et sociale du pays. A propos de la crise de Kabylie, le candidat en lice à la magistrature suprême a déclaré son soutien à la volonté populaire qui décidera ou non de participer au scrutin. Et de préciser qu?il faut respecter son choix, mais qu?il lui reste, néanmoins, une chance de changer l?état actuel des choses en boycottant non pas les urnes, mais le mauvais candidat.