Loin des montagnes pakistanaises où Oussama ben Laden fonda son réseau, la misérable ville yéménite d'Al-Qaîda pâtit de son nom qui jette l'opprobre sur ses fils. «Le nom d'Al-Qaîda n'a rien à voir avec le réseau d'Oussama ben Laden», assure le chef de la police de cette agglomération de quelque 70 000 habitants, située à 220 km au nord-ouest de Sanaâ. Et d'ajouter : «Dans notre ville, il n'y a absolument pas de jihadistes ou d'extrémistes.» Accrochée au flanc d'une montagne, Al-Qaîda, dans le sud de la province d'Ibb, offre l'image d'une bourgade extrêmement pauvre : pas de routes goudronnées, des égouts à ciel ouvert et des habitants qui se plaignent d'être des laissés-pour-compte du pouvoir central. Et quand il s'agit de partir à l'étranger, la mention «né à Al-Qaîda» entache un peu la carte de visite. Un habitant du coin, parti dans un pays arabe pour y recevoir des soins médicaux, a été ainsi arrêté à l'aéroport de la capitale de ce pays car son passeport était émis à Al-Qaîda. Il a été interrogé, puis refoulé vers le Yémen.En plus de sa mauvaise réputation liée à son nom, Al-Qaîda est mal famé. «Aujourd'hui, sont apparues des bandes armées qui pillent et volent sans être inquiétées», se lamente un habitant. Le chef de la police confirme : «Des personnes au sein de l'autorité locale protègent les criminels et leur donnent refuge.»