Lueur n En dépit de la problématique du texte, le théâtre algérien connaît depuis près d'une dizaine d'années, une dynamique perceptible. Un fait que l'on peut ressentir et voir à travers le travail mené aussi bien par les théâtres étatiques (national et régionaux) que par les coopératives et les troupes indépendantes, notamment. C'est une pratique qui, malgré les manques et les insuffisances, est renouvelée, redéfinie selon des besoins, des imaginaires et des sensibilités… C'est ainsi que Omar Fetmouche, directeur du théâtre régional de Béjaïa, estime que «le théâtre algérien est en train de faire sa mue». «Je pense que maintenant, dit-il, il y a une nouvelle génération qui commence à intégrer de nouvelles techniques, à se rapprocher de ce qu'on appelle aujourd'hui le théâtre contemporain, de nouveaux textes, de nouvelles écritures dramaturgiques, de nouvelles expériences de jeunes qu'il faudrait réellement encourager. Cela étant dit, tout ce qui a été fait peut être revisité autrement par la nouvelle génération, en lui donnant une empreinte un peu spéciale, plus esthétique.» Cela revient à dire que le théâtre algérien a ses propres gens, des acteurs sur lesquels il peut compter pour renouveler son contenu et sa forme, et ce, grâce à l'apport de nouvelles techniques, voire de nouvelles spécialités d'expression théâtrale, telles que la vidéo, un langage commençant à prendre le pas. Il y a aussi la danse (on assiste effectivement à des pièces qui font appel à des danseurs et à des chorégraphes). Il y a également un réel travail de scénographie qui se fait de plus en plus intéressant. Sur ce, Omar Fetmouche dira : «je crois que, de ce point de vue, on est en train d'aller vers un théâtre qui se veut un peu plus exigent, durant le chemin nous allons aussi assister à des relents, à des choses qui vont se répéter, mais une chose est certaine, c'est qu'il y a, ne serait-ce que de mon point de vue, une optique assez intéressante qui s'ouvre dans le théâtre algérien, d'autant plus qu'il y a cette autre ouverture vers la Méditerranée, vers le théâtre maghrébin, le théâtre arabe et le théâtre africain.» A la question de savoir si le théâtre algérien aura des noms comme Abdelkader Alloula ou Azeddine Medjoubi ou autres, ceux qui aussi bien par leur talent que par leur réflexion ont marqué les planches, Omar Fetmouche répondra : «Bien sûr. Il y a beaucoup de jeunes qui marchent sur les pas de ces derniers. On pourra avoir des noms, ça ne sera certes pas un nom comme Alloula, mais ça sera un nom en mesure de porter le théâtre algérien d'une manière très honorifique, des jeunes qui ne vont pas copier leurs aînés mais qui vont créer et innover dans leur domaine tant au plan théorique que pratique.» Nous allons alors assister, avec tout cela, d'ici à quelques années, à l'affirmation d'un théâtre algérien capable de poser ses premières balises.