Théâtre n Le texte, écrit en 1957 par Tewfik El-Hakim, aborde, à l'origine, la guerre froide, les rapports entre les deux blocs : l'Est et l'Ouest. Cinquante ans après l'écriture de ce texte, et après la chute du mur de Berlin, le chemin menant à la paix – et à la coexistence entre les peuples – est truffé d'obstacles, voire d'épines, empêchant tout dialogue et tout rapprochement. L'on ne parle désormais plus aujourd'hui de guerre froide, mais de «choc de civilisation», un autre et nouveau concept intégré désormais dans les discours politiques et qui a pour but de justifier les tensions opposant l'Occident à l'Orient. «La pièce, bien qu'elle soit écrite en 1957, reste toutefois d'actualité», a déclaré le metteur en scène, Aziz Ghouti. Et d'ajouter : «Certes la situation dans laquelle le texte a été écrit a changé, mais l'essence même du texte est resté indélébile. D'autre part, un travail a été fait de manière à la replacer dans un contexte en relation au présent, donc à notre vécu.» «Cette pièce est inscrite dans «Alger, capitale de la culture arabe», et pour nous c'est une possibilité de faire connaître au public, notamment les jeunes un texte arabe qui, beau et d'une grande profondeur, porte haut et ouvertement des valeurs humaines, comme celles de l'amour et de la paix», a-t-il relevé. Ainsi, le théâtre régional d'Oran est présent à travers cette pièce. Interrogé sur la pièce en tant que genre scénique, Aziz Ghouti a expliqué : «C'est un théâtre classique que nous présentons là. Le théâtre régional d'Oran a la réputation de faire un théâtre populaire qui s'inspire du patrimoine oral, c'est-à-dire un théâtre de la halqa (cercle), du goual (conteur)… Maintenant, nous nous plaçons dans l'extrême opposé, à savoir un théâtre classique, sortant ainsi du cliché [pour ne pas dire du folklore]. Et qui dit théâtre classique, dit des rôles composés et un jeu fini. On est donc sorti de la trajectoire traditionnelle pour se positionner sur une dynamique nouvelle.» Interrogé par ailleurs sur la crise que connaît le théâtre, le metteur en scène a estimé que «la crise, voire cette indigence ne relève ni de l'ordre du texte, c'est-à-dire le manque d'auteurs, ni de l'ordre de la mise en scène, à savoir la rareté de metteurs en scène. Il y a des potentialités, donc des talents. Le problème qui se pose, c'est bien celui de l'argent. Sans argent, point de production ni de création. Sans argent, pas d'émulation ni de dynamique. Le problème est donc exogène au théâtre.» Enfin, s'exprimant sur l'état des lieux du théâtre professionnel, qui s'est révélé, lors de la première édition, moribond et poussiéreux, contrairement au théâtre amateur qui s'est distingué par un travail remarquable, Aziz Ghouti soutient que cela n'a rien avoir avec ce qui se fait habituellement. «Cela s'est fait hâtivement, donc nous n'avons pas eu le temps de nous y préparer, alors que les troupes d'amateurs, qui, en revanche, ont eu le temps de s'y préparer, ont présenté des spectacles déjà prêts, rôdés et accomplis. Mais cette année, et en tenant compte de l'expérience vécue, ça sera différent.»