Violence n Des affrontements mardi entre chrétiens et musulmans dans l'est du Nigeria ont fait au moins huit tués et des dizaines de blessés. Six mosquées et une église ont été brûlées. Des renforts ont été déployés pour rétablir l'ordre à Wukari, dans l'Etat de Taraba, et des responsables religieux ont immédiatement appelé à la tolérance, alors que les violences ethniques ou religieuses ont déjà fait des centaines de morts depuis le début de l'année au Nigeria. Selon le chef de la police de l'Etat de Taraba, Aliyu Musa, les heurts ont éclaté mardi à Wukari, dans l'ouest de cet Etat essentiellement chrétien, mais la ville était calme hier. «D'après les informations dont nous disposons, huit personnes ont été tuées et quarante autres grièvement blessées lors de violences au cours desquelles six mosquées et une église ont été brûlées», a annoncé M. Musa. Ce dernier a précisé que des renforts avaient été déployés. Selon lui, un groupe de jeunes chrétiens a détruit une mosquée en chantier dans l'enceinte d'un commissariat de police, et en réponse, de jeunes musulmans s'en sont pris à une église voisine. Cet incident a dégénéré en affrontements qui ont opposé des groupes des deux communautés de la ville. Le Nigeria, une fédération de 36 Etats, est le pays le plus peuplé d'Afrique avec 150 millions d'habitants, également partagés entre deux confessions. Le nord est majoritairement musulman et le sud est à dominante chrétienne. Des violences à caractère ethnique ou religieux sont régulières, surtout dans le nord. L'Etat de Taraba est frontalier de celui du Plateau (centre), dont la capitale Jos a été le théâtre à plusieurs reprises de violents affrontements communautaires. Lors de deux crises cette année, en janvier et en mars, jusqu'à 1 500 personnes auraient été tuées, selon les décomptes d'ONG. Ces violences interviennent alors que des élections présidentielle et des gouverneurs des 26 Etats de la fédération sont prévues au premier semestre de 2011. «Il y a une activité qui est inquiétante, à l'approche des élections», a estimé Chidi Odinkalu, un activiste des droits de l'Homme. «Le gouvernement et tous ceux qui s'inquiètent devront surveiller de près la situation dans les mois qui viennent», a-t-il prévenu. La plus haute autorité musulmane du Nigeria, Sultan Muhammad Saad Abubakar, a appelé mardi à l'entente entre chrétiens et musulmans. «J'exhorte les musulmans et les chrétiens du Nigeria à oeuvrer pour l'harmonie et la tolérance religieuse et à rejeter les actes qui portent atteinte à la paix et à la bonne entente entre les communautés», a-t-il proclamé. L'archevêque catholique d'Abuja, John Onaiyekan, a estimé que les récentes violences «n'avaient rien à voir avec la religion». «Ce sont probablement des gens qui ont d'autres intentions et qui exploitent le problème de la mosquée, en construction à Wukari», a ajouté le prélat, se faisant ainsi l'écho d'opinions selon lesquelles ces violences sont le produit d'une lutte de pouvoir locale.