Des manifestations contre la publication de caricatures du prophète Mohamed (Qsssl) en Europe ont dégénéré, hier, samedi, en violences interconfessionnelles qui ont fait 16 morts dans le nord du Nigeria. Ces violences, qui ont secoué, notamment, la ville de Maiduguri de l?Etat de Borno, ont commencé, selon des témoins, quand la police a usé de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants, rassemblés à l'appel d'une organisation islamique. Des émeutiers s'en sont alors pris à la communauté chrétienne de la ville en brûlant et en pillant des églises ainsi que des magasins appartenant à des chrétiens, selon la police nigériane. «Quand les manifestants se sont rassemblés, une unité de la police leur a ordonné de se disperser. Mais la foule a insisté pour manifester et les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour la disperser.» À l?issue de cette manifestation, des renforts de la police et de l'armée ont été déployés et un couvre-feu a été imposé pour ramener le calme. Le dernier bilan de ces violences fait état de 16 personnes tuées, 115 personnes arrêtées, et 11 églises brûlées, selon le porte-parole de la police. Des violences ont également éclaté dans la ville de Katsina, où un émeutier a été tué par balle par la police, lors d'affrontements avec des manifestants. Il s'agit des premières victimes enregistrées depuis le début du mouvement de protestation contre les caricatures au Nigeria, pays à forte communauté musulmane de quelque 60 millions de personnes. Le gouverneur de l'Etat de Borno, lui-même musulman, a affirmé qu'il comprenait les sentiments des fidèles se sentant offensés par la publication des caricatures, mais que les chrétiens nigérians ne sauraient en être tenus responsables. Le gouvernement fédéral a également appelé au calme. «Le gouvernement, qui ne refuse à aucun groupe le droit de défendre sa foi et sa religion, pense que certains actes, comme le fait de brûler des églises, ne constituent pas le meilleur moyen de la défendre», a déclaré à Abuja le ministre de l'Information nigérian. Notons que les violences confessionnelles surviennent de façon épisodique au Nigeria.