Vous avez peut-être entendu parler de Jean-Paul Steiger, fondateur en 1956 des clubs «Jeunes amis des animaux» et, quelques années plus tard, des clubs «Chouette» qui regroupent en France et même dans le monde entier les enfants qui veulent venir en aide aux animaux maltraités. La vocation de Jean-Paul Steiger lui est venue à 8 ans. Un jour, cet enfant qui n'aimait pas spécialement les bêtes s'est mis brusquement à les aimer. Tout cela parce qu'il a rencontré Fifine, une araignée... 1950 : Jean-Paul Steiger a 8 ans. Son école est à quelques rues du pavillon où habitent ses parents, dans la banlieue parisienne. Le jeune Jean-Paul est d'une nature rêveuse, ses études ne l'intéressent qu'à moitié. Sa maîtresse l'a surpris plus d'une fois les yeux perdus au-dessus de son livre ou de ses cahiers, et il lui est arrivé de faire l'école buissonnière. Pourtant, sa maîtresse l'aime bien. S'il n'est guère travailleur, il est intelligent, et quand il veut s'en donner la peine il obtient de bons résultats. Tout irait donc bien pour Jean-Paul s'il n'y avait l'épreuve hebdomadaire, le cauchemar du vendredi après-midi : le cours de chant... Car le professeur de chant n'est pas comme la maîtresse. Il s'est mis en tête que tous les enfants pouvaient, savaient et devaient chanter. Or, Jean-Paul a une voix affreuse, il n'a pas la moindre oreille et confond toutes les notes de la gamme. Bref, il est très mauvais en chant et il a horreur de cela. Aussi, le professeur l'a tout de suite remarqué et l'a pris en grippe. A chaque cours, systématiquement, il l'interroge : — Nous allons chanter la mélodie de la semaine dernière. Vous tout seul d'abord, Steiger... Le malheureux Jean-Paul ouvre alors la bouche pour émettre quelques sons lamentables et c'est l'inévitable explosion de colère : — C'est mauvais, très mauvais, monsieur Steiger... Je suis sûr que vous le faites exprès. Vous aurez 0 ! Pour Jean-Paul, la vie à l'école devient une angoisse à cause du vendredi... Il en rêve, de ce vendredi ! La voix acide de son professeur de chant résonne dans ses oreilles le matin. Par moments, Jean-Paul imagine une vengeance, mais pas n'importe laquelle, une vengeance terrible, mémorable. Et il n'en voit qu'une : les araignées, car il se trouve que le professeur de chant a une faiblesse : il n'est pas très courageux et, plus précisément, il a une peur bleue des araignées. Un jour, il en a découvert une sur le plancher de la classe. Il est devenu subitement tout blanc. Il s'est mis à crier d'une voix encore plus acide que d'habitude : — Débarrassez-moi de cette sale bête tout de suite ! C'est un des élèves qui s'est dévoué pour le faire car il avait bien trop peur pour y toucher lui-même... L'épisode de l'araignée est resté gravé dans l'esprit de Jean-Paul. Début mars 1950. Ce jour-là, les parents de Jean-Paul l'ont envoyé à la cave chercher des bûches pour la cheminée. Jean-Paul y va sans rien dire. Mais, s'il l'a toujours caché, il n'aime pas aller à la cave. Il a peur, surtout quand il fait nuit... En sifflotant pour se donner du courage, Jean-Paul ramasse ses bûches et, soudain, elles lui tombent toutes des mains, manquant de lui écraser les pieds. Il voudrait crier mais il est tellement saisi qu'aucun son ne sort de sa bouche... Du tas de bois vient de sortir une araignée. Mais une araignée comme il n'en a jamais vu, ni en réalité ni dans les livres. Elle est énorme, monstrueuse. Elle a un gros corps noir et huit pattes velues, hideuses. Elle se promène lentement sur une bûche et va dans sa direction... (à suivre...)