Métamorphose n Depuis quelques jours, les Egyptiens tentent une normalisation des relations entre les deux fédérations de Football, avec pour chef de file des réconciliateurs, Samir Zaher. Il faut bien écarquiller les yeux, se les frotter même pour bien y croire. Car c'est celui qui a mis le feu aux poudres, qui a accusé les joueurs algériens de s'être aspergé de ketchup et d'avoir cassé les vitres du car qui les transportait le 12 novembre dernier de l'aéroport vers leur hôtel à 24 heures du match décisif face aux Pharaons, qui demande aujourd'hui à ce que les choses redeviennent normales. C'est lui, à travers toutes ses déclarations à la presse de son pays et celle étrangère, qui a colporté de gros mensonges sur les Algériens, joueurs, dirigeants et supporters. Pis encore, si on recoupe bien les éléments de l'histoire, c'est bien lui le sinistre personnage qui a déclenché les hostilités en provoquant les Algériens durant plusieurs semaines et à la veille du dernier match au Caire. Lui, c'est Samir Zaher, un sacré comédien comme savent en fabriquer les studios cairotes, jouant le rôle de président de la Fédération égyptienne de football, qui revient au devant de la scène. Roi de la roublardise, Zaher a été dégommé par les autorités de son pays avant que la justice ne s'en mêle pour le réhabiliter à son poste de président de la FEF, même si, jusqu'à maintenant, il n'a pas reçu l'aval de ses «supérieurs», notamment le haut conseil du sport présidé par Hassan Sakr. Cependant, Zaher n'a attendu personne pour commencer sa campagne de normalisation avec l'Algérie, prônant un discours apaisant, sage et réconciliateur, surfant sur la vague de la dernière visite du chef d'Etat Hosni Moubarak à Alger pour présenter ses condoléances au Président Abdelaziz Bouteflika à la suite du décès de son frère. Invité vendredi sur la chaîne Nile Sport, cette même tribune qui a été des plus virulentes et des plus insultantes pour l'Algérie et son peuple avant et après le 18 novembre 2009, Samir Zaher s'est prêté avec aisance à l'interview du Dr Yasser Ayoub, l'animateur de l'émission «Beit El-Kora» (La maison du ballon) en changeant carrément de discours envers l'opinion et les dirigeants du football algérien. Pour démontrer sa bonne foi, Zaher appuie la proposition de Hani Abou Rida, son vice-président et ami de Mohamed Raouraoua, d'organiser un match de réconciliation entre les deux sélections le 18 novembre prochain et s'apprête à faire le voyage avec l'équipe d'Al-Ahly lors de sa venue en Algérie pour affronter la JS Kabylie en Ligue des champions africaine. Pour Zaher, en Egypte tout le monde a tourné la page des fameux incidents du match contre l'Egypte, que ce soit au Caire ou à Khartoum, et que tous les efforts sont consentis aujourd'hui pour rapprocher les deux peuples et éviter aux générations futures de tomber dans le piège des divergences et de la haine. Ça, il fallait le dire avant M. Zaher ! Il faut dire que les Egyptiens avaient déjà préparé un accueil des plus chaleureux lors du dernier passage de la JS Kabylie face à Al-Ismaïly (1 à 0) pour la première journée de la Champions League en affichant des slogans fraternels sur de grandes banderoles et le poster de Bouteflika à l'entrée du stade. Il y a également l'Entente de Sétif qui a séjourné au Caire pour préparer son match (prévu cet après-midi) face au champion en titre le TP Mazembe du Congo, dans un cadre agréable et serein, même si Lemmouchia a refusé de répondre à la presse égyptienne, lui dont le sang a coulé un certain 12 novembre 2009, l'obligeant à disputer le match du 14 la tête bandée. Sans que Zaher s'en excuse, ni ne demande pardon aux Algériens. Il est temps de mettre l'hypocrisie arabe au placard (n'est-ce pas Zekri, le coach sétifien qui disait que l'Egypte était sa première patrie !) et de laisser le football dans son cadre strictement sportif, malgré toutes les passions qu'il peut susciter.