La question de la disponibilité des produits alimentaires, notamment la viande, les fruits et les légumes, refait surface à chaque Ramadhan. Bien avant le début de ce mois sacré, on tient déjà à rassurer les larges couches de la société quant à la disponibilité et même à l'abondance de certains produits alimentaires. Quelles sont donc les raisons qui poussent le marché à réagir de telle manière durant cette période ? Le comportement des consommateurs est-il derrière cette situation ? Autant de questions qui ne trouvent pas de réponses. Cependant, une chose est certaine. La pression qui se fait sur certains produits, particulièrement la viande, les fruits et les légumes, engendre dans la majorité des cas une hausse effrénée et injustifiée des prix qui frise parfois l'inimaginable comme c'était le cas de la pomme de terre il y a quelques années. Face à cette situation qui n'arrange nullement le pouvoir d'achat des consommateurs, les pouvoirs publics réagissent d'une manière spontanée. Toutefois, il faut admettre que cette pression qui se fait sur les produits alimentaires se réédite chaque année. Et à titre de rappel, les autorités ont autorisé pour cette année l'importation de 1 000 tonnes de viandes rouges fraîches, 5 000 tonnes de viandes congelées et 4 000 tonnes de viandes blanches. Les prix de ces viandes, qui arriveront de l'Inde, varieront entre 400 à 550 DA le kilogramme, selon les responsables du ministère du Commerce. Parmi aussi les mesures décidées afin d'éviter ces pressions sur les produits alimentaires, le ministère du Commerce parle de stockage de pas moins de 110 000 tonnes de pommes de terre, soit l'équivalent des besoins du pays durant tout le mois de Ramadhan. Les légumes secs et le lait aussi figurent parmi les produits touchés par ces mesures. Ainsi les deux Offices interprofessionnels de lait et de céréales (ONIL et OAIC) ont été chargés d'élargir leurs activités à l'importation, au stockage et à la distribution des légumes secs. Toutes ces actions décidées par le ministère du Commerce répondent à un seul objectif, à savoir faire barrage aux spéculateurs. Cette mesure qui consiste à inonder le marché a montré ses limites, il faut le reconnaître, et c'est pourquoi on affirme qu'un contrôle rigoureux sera opéré durant ce mois puisque d'autres raisons influent sur cette instabilité qui caractérise le marché durant le Ramadhan, notamment les déséquilibres entre l'offre et la demande. Outre le contrôle rigoureux annoncé par le ministre du Commerce, lequel n'a pas voulu dévoiler la teneur de cette batterie de mesures, il y a lieu de rappeler que le gouvernement a décidé d'un nouveau cadre réglementaire qui permet à l'Etat de renforcer ses attributions en matière de stabilisation des prix. Cette nouvelle loi qui touche les pratiques commerciales vise à stabiliser le marché à travers l'encadrement des marges de bénéfice et des prix des marchandises. Le texte vise, en fait, «la stabilisation du marché à travers l'encadrement des marges de bénéfice, des prix des marchandises et des services de base et à grande consommation et l'éradication de toute forme de spéculation à l'origine de la flambée injustifiée des prix». Cette loi stipule aussi «l'augmentation de la valeur des amendes des infractions variant actuellement entre 20 000 et 200 000 DA pour se situer entre 200 000 DA et 10 millions de dinars ainsi que la durée de fermeture administrative des locaux de 30 à 60 jours». Enfin, il faut dire que malgré tous les efforts consentis, les responsables reconnaissent que la réorganisation du marché nécessite un travail de longue haleine. Outre les espaces commerciaux qui devraient être réorganisés et contrôlés, l'informel, les réseaux de distribution et le transport sont aussi des dossiers qui attendent une solution finale. S. B.