Evolution n Il semble que les efforts de sensibilisation menés ces dernières années ont porté leurs fruits, puisque les dons ont connu une hausse constante à travers le territoire national. La collecte est passée de 200 000 dons en 2000 à plus de 400 000 en 2009. Pour le président de la Fédération nationale des donneurs de sang ( FADS), Kaddour Gherbi, les collectes auraient pu être beaucoup plus importantes si les citoyens étaient motivés. «Le donneur de sang doit être bien accueilli et considéré au sein des centres de transfusion sanguine. Il doit bénéficier, suite à cet acte hautement humanitaire, d'une bonne collation. Actuellement, ces deux éléments font cruellement défaut», regrette-t-il. Même les autorités sont appelées, selon lui, à encourager les donneurs de sang en leur accordant, par exemple, la possibilité de bénéficier de soins appropriés au sein des établissements de santé publique. Un citoyen ayant donné son sang à plusieurs reprises pour sauver la vie des autres doit, estime M. Gherbi, être bien pris en charge au sein des hôpitaux. Car la plupart des donneurs sont issus des couches défavorisées de la société. Si la carte de donneur de sang n'ouvre aucun avantage en matière de soins, les autres citoyens seront automatiquement démotivés en se disant que cela ne servirait à rien de donner leur sang aux autres. Même la collation offerte aux donneurs de sang est très pauvre, ce qui ne leur permet pas de récupérer. «Récemment, dans une wilaya de l'Ouest, un donneur de sang auquel on n'a même pas offert un verre d'eau, s'est évanoui à quelques mètres de la clinique mobile chargée de la récolte de sang. Les habitants de cette ville ont appris la cause de son malaise. Dommage, car une situation pareille peut pousser les gens à ne plus faire don de leur sang», déplore notre interlocuteur. Durant les premières années de l'indépendance, se rappelle-t-il, on offrait tout un repas équilibré et riche en protéines aux donneurs de sang. Mais ces dernières années, on se contente d'offrir, dans les centres de transfusion sanguine, du chocolat et parfois quelques bonbons ! La principale mission de la FADS est de mener des actions de sensibilisation pour la promotion de la culture du don du sang dans notre pays. Toutefois, le manque de moyens démobilise cette association qui n'a, selon son président, qu'une maigre subvention du ministère de la Santé qui «ne suffit même pas à faire face aux charges de l'électricité et du téléphone». Le problème réside dans le fait que la FADS n'est pas reconnue comme une association d'utilité publique, ce qui la prive du budget du ministère de l'Intérieur. M. Gherbi affirme avoir saisi à maintes reprises les autorités publiques dans ce sens, mais les responsables n'ont même pas pris la peine de répondre. «Nous n'avons même pas les moyens d'offrir des attestations d'encouragement aux donneurs réguliers. Nous nous contentons alors de lancer des appels de sensibilisation à travers la presse nationale», regrette-t-il. Les autorités locales et les entreprises ne donnent également aucune importance à ces actions humanitaires. M. Gherbi affirme avoir saisi plus de 70 entreprises publiques et privées, mais seulement Sonelgaz a répondu à l'appel.