Résumé de la 160e partie n Ann Shapland, qui est très rusée, a elle aussi utilisé un sac de sable pour tuer Mlle Blanche... Elle souhaitait qu'on établisse un lien entre le deuxième meurtre et le troisième pour lequel elle disposait d'un alibi solide. — Je ne comprends toujours pas ce qu'Eleanor Vansittart fabriquait dans le pavillon des sports. — Il me semble que l'on peut assez bien le deviner, dit Poirot. Elle était probablement bien plus inquiète de la disparition de Shaista qu'elle ne vou-lait le montrer. Aussi angoissée que miss Chadwick. D'une certaine façon, c'était pire encore pour elle, puisque vous lui aviez confié la responsabilité du collège et que cet enlèvement avait précisément eu lieu pendant qu'elle en était responsable. En plus, dans sa répugnance à affronter la réalité, elle avait essayé d'étouffer l'affaire aussi longtemps que possible. — Ainsi donc, derrière sa façade, il y avait des faiblesses, releva miss Bulstrode. J'en avais parfois eu l'intuition. — Elle non plus, je le pense, ne parvenait plus à dormir. Et elle s'en est allée à pas de loup jusqu'au pavillon des sports, afin de passer au peigne fin le placard de Shaista pour le cas où il s'y trouverait un indice qui expliquerait la disparition de la jeune fille. — Vous me semblez avoir réponse à tout, monsieur Poirot. — C'est la spécialité d'Hercule Poirot, commenta l'inspecteur Kelsey non sans une pointe d'ironie. — Et à quoi rimait-il de demander à Eileen Rich de faire le portrait de différents membres de mon personnel, je vous prie ? — Je voulais mettre à l'épreuve les capacités de la petite Jennifer à reconnaître un visage. J'ai très vite compris que Jennifer était si préoccupée d'elle-même qu'elle n'accordait aux étrangers qu'un regard distrait, et ne retenait d'eux que quelques détails, le plus souvent vestimentaires. Elle n'avait pas pu reconnaître un dessin représentant Mlle Blanche avec une coiffure différente. Elle aurait encore moins reconnu un portrait d'Ann Shapland que, du fait de ses fonctions de secrétaire, elle avait rarement eu l'occasion de voir de près. — Vous pensez donc que la fameuse Américaine à la raquette n'était autre qu'Ann Shapland elle-même ? — Oui. Elle a exécuté son numéro en solo, du début à la fin. Vous vous souvenez certainement du jour où vous l'avez sonnée pour qu'elle aille vous chercher Julia, mais où, vos appels étant restés vains, vous avez fini par y envoyer l'une de vos pensionnaires. Ann Shapland était coutumière des déguisements rapides. Une perruque blonde, des cils remodelés d'un coup de crayon en un tournemain, des vêtements «tarabiscotés», et un chapeau... Elle n'avait pas besoin d'abandonner sa machine à écrire plus de vingt minutes. Les remarquables esquisses de miss Rich m'ont prouvé qu'une femme peut modi»fier du tout au tout son apparence grâce à quelques accessoires bien choisis... — Miss Rich, répéta miss Bulstrode, songeuse. Je me demande si... (à suivre...)