Interrogation n Quelles sont les véritables raisons de la non-mise en exploitation de la première ligne du métro d'Alger reliant Haï El Badr à la Grande Poste en dépit de sa réception il y a quelques mois ? La question mérite vraiment d'être posée à la lumière des dernières déclarations du ministre des Transports. A l'issue d'une visite d'inspection effectuée avant-hier, vendredi, sur le chantier de l'extension Haï El Badr-El Harrach, Amar Tou a amputé les retards pris dans la mise en service du métro d'Alger à des problèmes de sécurité. Le projet «a été achevé. Il reste cependant quelques aspects de sécurité à résoudre avant sa mise en exploitation », a-t-il affirmé en substance, cité par l'agence Algérie presse service (APS). «Certains aspects de sécurité sont complètement dépassés et nécessitent une révision», a-t-il ajouté, sans donner plus de détails. Hier samedi, son département a jugé utile d'apporter quelques précisions. «S'agissant de la première ligne du métro Haï El Badr-Grande Poste dont la mise en service est liée à l'achèvement de l'introduction en cours des nouvelles normes de sécurité, il convient d'indiquer que c'est à la suite de l'incendie du tunnel du Mont-Blanc, en France, intervenu en 2005, soit postérieurement à la conclusion du contrat du système intégral du Métro d'Alger, que les pays européens ont adopté ces nouvelles normes, l'Algérie ayant aussitôt réagi en les adoptant, à son tour, pour garantir au métro d'Alger une sécurité maximale», a-t-il indiqué dans un communiqué cité par l'APS. Clair, net et précis ? Pas du tout, bien au contraire. Le communiqué du ministère des Transports comprend une contre-vérité : l'incendie du tunnel du Mont-Blanc, provoqué par un camion frigorifique semi-remorque belge qui transportait de la margarine et de la farine, causant la mort de 39 personnes et entraînant la fermeture du tunnel pendant 3 ans environ, est survenu en 1999, le 24 mars plus exactement, et non en 2005, soit bien avant la conclusion du contrat du système intégral du Métro d'Alger sachant que le projet, mis à l'arrêt pendant des années faute de ressources financières, a été relancé à la faveur des programmes d'investissements publics engagés par les pouvoirs publics dans le cadre du Plan de soutien à la relance économique 2000-2005. Même si les nouvelles normes de sécurité des tunnels étaient effectivement entrées en vigueur « postérieurement à la conclusion du contrat du système intégral du Métro d'Alger », cela n'aurait pas empêché le consortium chargé de la réalisation du projet de les prendre en considération sachant que l'essentiel des travaux ont été réalisés entre 2007 et 2009. Le moins que l'on puisse dire est que l'argumentation du département de M. Tou est tout sauf solide. Elle cache mal, selon certaines sources, les véritables raisons de la non-livraison du métro d'Alger qui seraient liées à un conflit ouvert entre le consortium chargé de sa réalisation et les autorités sur le coût des travaux.