Résumé de la 2e partie n Dans le camp anglais, un chien, Mustapha, qui ne comprend rien à la guerre, n'a d'yeux que pour son maître, un géant écossais... Le maréchal de Saxe, depuis sa voiture d'osier, fait demander au roi et au dauphin de bien vouloir se replier sur une position moins précaire. Louis XV, qui s'y connaît un peu en matière de «guerre en dentelles», refuse et fait répondre que le maréchal de Saxe saura certainement faire ce qu'il faut pour maintenir sa précieuse personne royale hors des griffes du vilain duc de Cumberland. Recevant cette réponse le maréchal de Saxe est contrarié d'autant plus que l'hydropisie le fait horriblement souffrir. Pour sauver le roi il ne lui reste plus qu'à tenter son va-tout contre les Anglais et leurs alliés. Les Français sont d'ailleurs en pleine débandade. Le champ de bataille est déjà jonché de morts et de blessés mais quatorze mille ennemis bousculent encore les brillantes troupes françaises et suisses. Les Anglais forment une sorte de «colonne infernale» qui résiste à toutes les attaques franco-suisses. L'après-midi est bien entamé. Les Français attaquent toujours et sans relâche les coalisés. En vain. Dans la «colonne infernale», Mustapha n'a plus la force d'aboyer. Son maître, entre deux coups de fusil, la bouffarde entre les dents, l'encourage à grands coups de «Goddam !» et lui caresse la tête de temps en temps. Le maître de Mustapha a reçu des ordres précis : lui et ses compagnons de bataille doivent atteindre Fontenoy, point d'ancrage indispensable pour consolider le système d'attaque des Anglais. Plus les Anglais avancent au milieu des troupes françaises, plus ils s'éloignent de leurs bases arrière et plus ils se fragilisent. C'est pourquoi les Anglais, au fur et à mesure qu'ils enfoncent le dispositif français, doivent s'efforcer de neutraliser les Français qui restent derrière eux. Malgré les douleurs de l'hydropisie le maréchal de Saxe réfléchit à toute vitesse. Il faut qu'il fasse des faiblesses françaises une force d'attaque — Que nos troupes cèdent un maximum de terrain devant les attaques anglaises ! Serait-ce le signal d'une retraite honteuse ? Que non : plus les Franco-Suisses cèdent du terrain, plus les coalisés étirent leur force d'attaque, diminuant ainsi l'épaisseur de leurs troupes. Le maréchal de Saxe attend pour trouver le point faible. Mustapha et son maître sont justement au niveau où la «colonne infernale» devient transparente. Les Français s'acharnent à attaquer.En vain. Le maréchal de Saxe fait à nouveau demander au roi de France de s'éloigner pour éviter d'être pris, comme Jean le Bon le fut à Poitiers... — Quelle heure est-il ? — Deux heures de l'après-midi, Monseigneur ! — Les troupes hollandaises ont-elles attaqué ? — Point encore. Elles sont restées sur leur position. Seuls les Anglais et les Ecossais sont passés à l'attaque. Les ducs, comtes et marquis se réunissent autour de Sa Majesté Louis XV. Le maréchal de Saxe est au loin, parcourant le champ de bataille dans sa voiture en osier. Le duc de Richelieu propose de concentrer toutes les forces françaises sur la colonne anglaise affaiblie et étirée. Par miracle tout le monde tombe d'accord : Français, Suisses et Irlandais attaquent et canonnent la «colonne infernale» anglaise qui résiste. Les cadavres des deux camps s'amoncellent. Le maréchal de Saxe, de loin, donne son accord à cette manoeuvre désespérée. Mustapha, dans la colonne anglaise, hurle à la mort : il a perdu son maître chéri dans le fracas et la fumée du massacre en dentelles... (à suivre...)