Résumé de la 1re partie n Jenny Weiss, l'écuyère, a conquis le public russe. Tous les hommes de la cour sont à ses pieds... Pour la consoler le destin lui réserve un nouvel hommage : — Valdemar de Radhen, fils du sous-gouverneur d'Estonie. Laissez-moi mettre mon cœur à vos pieds, accompagné de ces quelques cailloux brillants ! Jenny jette un coup d'œil aux diamants scintillants mais son cœur se met à battre car elle est captivée par le regard, lui aussi scintillant, du nouvel admirateur : un géant, bien sûr barbu, et brun aux yeux d'un bleu de porcelaine. Jenny, dans un sourire, lance une flèche : — Monsieur, votre nom m'est connu et votre réputation aussi. Je devrais dire vos réputations : grand voyageur, grand chasseur de fauves, grand duelliste, grand séducteur aussi, et fort cruel avec les femmes. Que faut-il croire ? — Tout, ravissante et adorable reine de mon cœur Cette sincérité est la bonne tactique car quelques semaines plus tard Jenny Weiss devient, devant l'autel de Sainte-Catherine de Saint-Pétersbourg, la nouvelle baronne de Radhen. Mais avant de concrétiser cette union Jenny et Valdemar ont passé un accord : Jenny, forte de sa gloire naissante, entend bien continuer son métier d'écuyère prodige. Valdemar, jaloux mais amoureux, accepte à condition de la suivre de ville en ville. Pour ce faire, il donne sa démission d'officier de la marine impériale. Les baron et baronne de Radhen sautent dans leur attelage qui les conduit directement à Copenhague. Pour un premier succès et pour une première montée d'adrénaline conjugale ! En effet, après le triomphe d'un spectacle auquel assistent les souverains danois, Jenny et Valdemar sont les rois d'une fête au palais. Parmi les invités, un feld-maréchal, portant beau et bourreau des cours, se fait très pressant : — Belle baronne, mon cœur vous appartient et tout le reste aussi. — Mais monsieur, je vous trouve bien audacieux, je suis mariée et très heureuse, d'ailleurs voici le baron mon mari. Valdemar a tout entendu des propos du feld-maréchal. Il demande réparation et obtient... un bon coup de sabre à la tempe. Son oreille droite a eu chaud. Il est temps de s'exiler vers des capitales plus civilisées... s'il en existe ! Le Paris de la Belle Epoque réclame Jenny et ses coursiers incroyables. Valdemar cicatrise et essaie de rengainer sa jalousie. Après tout, son épouse semble irréprochable. Jenny doit se produire dans les principaux établissements de Paris. Les sabots de ses chevaux foulent la sciure de l'Hippodrome, du Nouveau Cirque, des Folies-Bergère. La concurrence est rude et les «femmes centaures» sont légion dans la capitale. Or, Jenny, vraie baronne et épouse fidèle, les enterre toutes comme on dit. Au propre comme au figuré car la concurrence oblige ces dames à se surpasser et une ou deux, traînées sur le sol ou écrasées par leurs chevaux, rendent leur âme intrépide aux dieux du cirque assoiffés de sang. — Mesdames et messieurs, vous allez pouvoir admirer la baronne Radhen dans un exercice d'une audace mortelle : elle va faire cabrer son cheval Czardas et le maintenir ainsi comme personne au monde... Czardas se cabre, les naseaux fumants. Ses antérieurs, à trois mètres au-dessus de la piste, s'agitent pour maintenir l'équilibre. Jenny tire sur les rênes de toute la force de ses mains fines et gantées de chevreau écarlate. Soudain le public se lève d'un bond en poussant un cri : la baronne et Czardas, déséquilibrés, chutent lourdement sur le sol. La silhouette de jenny disparaît sous la masse de muscles du cheval. (à suivre...)