Résumé de la 1re partie n Crosbie pénètre dans une pièce où est assis, derrière un bureau, un homme désabusé... Alors ? dit Dakin, les bonjours échangés. Vous êtes rentré de Kerbouk ? Crosbie répondit oui d'un signe de tête. Puis, il ferma soigneusement la porte. Pas bien jolie à regarder cette porte avec sa peinture écaillée mais elle avait une qualité qu'on ne lui eût pas soupçonnée : elle fermait aussi bien qu'une porte de coffre-fort. La porte fermée, un observateur eût remarqué dans l'allure des deux personnages des modifications légères, mais pourtant sensibles. Le capitaine Crosbie paraissait moins arrogant, moins sûr de lui. Mr Dakin, au contraire, avait pris de l'assurance. Des deux hommes, le chef c'était évidemment lui. — Du nouveau monsieur ? demanda Crosbie. — Oui ! Dakin, qui avait devant lui un message en code qu'il était en train de décrypter à l'arrivée de Crosbie, déchiffra les der-nières lettres et ajouta : — Ça se tiendra à Bagdad ! Ce disant, il frottait une allumette avec laquelle il mit le feu au papier sur lequel il avait noté la traduction du message. La feuille réduite en cendres, il écrasa de la main puis reprit : — Finalement, c'est Bagdad qu'ils ont choisi. Le 20 du mois prochain. Nous devons veiller à ce que le secret soit parfaitement gardé. — Et, dans les souks, on ne parle que de cela depuis trois jours ! Dakin sourit d'un air désabusé. — Eh oui ! En Orient, les secrets ça n'existe pas ! C'est bien votre avis, Crosbie ? — Oh ! certainement, monsieur ! J'irai même jusqu'à dire que je me demande si ça existe ailleurs. Pendant la guerre, j'ai eu souvent l'occasion de m'apercevoir qu'un garçon coiffeur de Londres en savait plus long que le Haut Commandement : — Dans le cas présent ça n'a pas beaucoup d'importance. Si la conférence a vraiment lieu à Bagdad d'ici peu, la chose ne tardera pas à être rendue publique. C'est à ce moment-là que nous commencerons à nous amuser. Si l'on peut dire ! Crosbie semblait sceptique. — Mais la conférence se tiendra-t-elle ? Croyez-vous sincèrement que l'oncle Joseph a l'intention de venir ici ? L'oncle Joseph, pour Crosbie, c'était le maître d'une grande puissance européenne. Il l'appelait rarement autrement. — Cette fois, répondit Dakin d'un ton convaincu, je le pense. Et j'ajoute que si les entretiens se passent sans accro-chages sérieux, ils pourraient nous épargner... bien des choses ! Si l'on pouvait arriver à une sorte d'arrangement... Dakin laissa sa phrase inachevée. — Croyez-vous, monsieur... - je vous demande pardon de poser la question - croyez-vous vraiment qu'il soit possible de s'entendre ? — S'il s'agissait seulement de mettre une fois encore en présence des hommes représentant des idéologies totalement différentes, je vous répondrais non. (à suivre...)