Résumé de la 5e partie n Anna Schiele est une blonde platinée, mais pas du genre séduisant. Un visage aux traits fins, mais dépourvu d'expression… Si elle s'était fait une situation, elle ne le devait pas à son charme, mais à ses qualités professionnelles, et particulièrement à son extraordinaire mémoire. Elle n'oubliait rien et pour rappeler un nom, une date, une heure, elle ne se reportait jamais à ses fiches. Elle était de surcroît infatigable, active, énergique même, obéissante et discrète. Otto Morganthal, directeur général de la banque Morganthal, Brown et Shipperke, se rendait parfaitement compte que les services d'Anna Schiele étaient de ceux qu'il est difficile de rétribuer justement. Il accordait à sa secrétaire une confiance totale. Il la payait largement et lui aurait sans hésitation consenti une augmentation de salaire si elle l'avait demandée. Elle était au courant non pas seulement de la marche de ses affaires, mais aussi de tout ce qui concernait sa vie privée. Il l'avait consultée à propos de la deuxième Mrs Morghanthal. Elle lui conseilla le divorce, non sans préciser ce que devait être, à son avis, le montant de la pension alimentaire à reconnaître à l'épouse répudiée. Elle ne montra, en cette occasion, ni sympathie, ni curiosité. Il ne s'en était pas étonné. Pour lui, Anna était une créature à part, étrangère aux sentiments qui animent les humains, une fille exceptionnelle, «tout cerveau», et qui ne songeait qu'aux intérêts de la firme, et plus spécialement à ceux de Mr Otto Morganthtd. Aussi fut-il très surpris quand, au moment où il se disposait à quitter son bureau, il entendit Anna lui demander trois semaines de congé, à compter du mardi suivant. Il lui fit observer avec embarras qu'il serait sans doute très difficile de lui donner satisfaction. — Je ne pense pas, répliqua-t-elle, Miss Wygate me remplacera. Je lui laisserai mes notes et toutes les instructions nécessaires. — Vous êtes souffrante, mademoiselle Schiele ? II posait la question, encore qu'elle lui parût ridicule. Miss Schiele ne pouvait pas tomber malade. Les microbes eux-mêmes la respectaient. — Non, monsieur Morganthal. Je désire simplement aller à Londres, pour y voir ma sœur. — Votre sœur ? Vous avez donc une sœur ? Otto Morganthal allait d'étonnement en étonnement. Cette sœur de Miss Schiele, jamais il n'avait entendu parler d'elle. Même pas l'automne précédent, quand il s'était rendu à Londres, accompagné de Miss Schiele Miss Schiele, cependant, souriait. — Mais oui, monsieur Morganthal. Elle est mariée à un Anglais, qui travaille avec le British Museum. Elle va subir une opération extrêmement grave et j'aimerais être près d'elle... Otto Morganthal comprit que Miss Schiele, résolue à partir, ne reviendrait pas sur sa décision. — En ce cas, dit-il, je ne puis vraiment pas vous retenir. Revenez vite, c'est tout ce que je vous demande ! Le marché est nerveux comme il ne l'a jamais été. Par la faute, évidemment, de ces maudits communistes. (à suivre...)