Résumé de la 8e partie n Victoria est priée de débarrasser le plancher avec une semaine de salaire payée. Mais ce qui l'intéressait c'était un certificat de travail… Vous auriez au moins pu dire que je ne bois pas et que je suis honnête. C'est vrai, vous savez !... Et vous auriez peut-être pu ajouter que je suis discrète. — Discrète ? Soutenant le regard de Mr Greenholz, elle avait répété, de sa voix la plus douce: — Discrète, oui... Mr Greenholz, se souvenant alors de diverses lettres dictées par lui à Victoria, comprit que la sagesse lui commandait la prudence. Il reprit le certificat, le déchira et en composa un autre. Je certifie que Miss Jones a travaillé avec moi comme sténo-dactylographe pendant deux mois. Des compressions de personnel nous obligent à nous séparer d'elle. — Qu'est-ce que vous dites de celui- là ? Victoria avait haussé les épaules. — Il n'est pas encore bien fameux mais je m'en contenterai ! Méditant sur la situation, Victoria ne se dissimulait pas qu'elle était fâcheuse mais elle se refusait à la considérer comme catastrophique. Elle était libérée de Greenholz, Simmons et Lederbotter, c'était déjà quelque chose. Et rien ne prouvait que le nouvel emploi qu'elle trouverait avant peu ne lui apporterait pas d'heureuses surprises. Sait-on jamais ce qu'il peut arriver ? Tout en réfléchissant, elle grignota les deux sandwiches qui représentaient son déjeuner, et elle était en train de distribuer à trois moineaux les dernières miettes de son pain quand elle s'avisa qu'un jeune homme occupait l'autre extrémité du banc. Elle l'examina du coin de l'œil et le jugea sympathique. II était blond, avec des yeux bleus, très beaux, et un menton volontaire. Victoria ne répugnait pas à engager la conversation avec les jeunes gens qu'elle rencontrait dans les lieux publics. Elle se savait capable de les remettre à leur place quand le besoin s'en faisait sentir. II lui suffit d'un sourire pour décider le beau jeune homme à lui adresser la parole. — Bonjour, mademoiselle !... II fait bon, hein ?... Vous venez souvent ici ? — Presque tous les jours. — Et dire que c'est la première fois que j'y viens ! Je n'ai pas de veine, vraiment. C'était votre déjeuner que vous preniez là ? — Exactement. — Eh bien ! laissez-moi vous dire que vous ne mangez pas suffisamment. A ce régime-là, moi, je mourrais de faim !... Si nous allions grignoter quelque chose dans Tottenham Court Road ? Je connais un petit restaurant… — Non, merci. Ça va très bien comme ça ! Je n'ai plus faim. Elle s'attendait à ce qu'il dit : «ça sera pour un autre jour !» Or, il n'en fit rien. — Moi, reprit-il, je m'appelle Edward. Et vous ? — Victoria. — Comme la gare ? — Comme la reine ! — Si vous voulez !.. Et votre nom de famille ? — Jones. — Donc, Victoria Jones... (à suivre...)