Résumé de la 1re partie n Mme Dumfries déclare que le massacre des nouveau-nés est une offrande à son maître «satan». Ces enfants seraient-ils issus de couples illégitimes... ? Cela ne fera pas revenir tous ces innocents qu'elle semble avoir sacrifiés pour satisfaire sa folie. — Espérons que nous serons débarrassés de ces disparitions inexplicables de bébés enlevés en pleine rue dans leurs landaus. Qui aurait pu soupçonner que c'était Mme Dumfries qui venait de les glisser sous sa cape... ? Quelques jours plus tard, Mme Clarissa Dumfries, un peu calmée, pénètre dans le quartier des femmes de la prison de Cardiff. A peine a-t-elle accompli les formalités d'écrou, à peine se retrouve-t-elle isolée dans une sombre cellule qu'un orage épouvantable s'abat sur la ville. Clarissa Dumfries, suspendue par les mains aux épais barreaux qui ferment l'étroite fenêtre au ras du plafond, éclate d'un rire dément et crie avec des râles d'amour dans la voix : — Maître ! C'est moi ! Merci, tu ne m'as pas oubliée. Je t'attends ! Je sais que tu ne m'abandonneras pas. Je suis ta chose ! Ordonne et j'obéirai ! Le maître satanique répond-il à sa manière ? En tout cas les dégâts autour de la prison sont étonnants : un vrai cyclone déracine les arbres, arrache les toitures, fait déborder les cours d'eau. Et la foudre tue une pauvre femme qui vivait dans le creux d'un vallon : — Vous vous rendez compte, dans le creux du vallon. C'est inouï ! D'habitude la foudre frappe les maisons en hauteur. Et savez-vous qui a été tué ? — Non ! Qui ? Vous me faites peur. — La victime, c'est la pauvre Lily Cameron, la nourrice du dernier enfant enlevé par la sorcière. On a retrouvé son pauvre petit corps dans la cave maudite. Dans les semaines qui suivent Clarissa Dumfries, pour protester contre son sort, entame une sorte de grève de la faim. Dès qu'on lui fait passer son écuelle par le guichet de la porte de sa cellule, elle saisit le plat et en lance le contenu au visage de la prisonnière qui fait le service. Clarissa ne prend plus qu'un verre d'eau par jour. — C'est extraordinaire ! Elle devrait être exsangue. Elle devrait rester toute la journée sur son lit ! Mais non, elle conserve une énergie diabolique, c'est bien le mot ! Les autorités ecclésiastiques, consultées par l'aumônier de la prison, décident de désenvoûter la sorcière. Deux jours plus tard, revêtu de son aube et d'une étole immaculée, l'aumônier entre dans la cellule de Clarissa Dumfries en brandissant la croix de métal sur laquelle Jésus est crucifié. En voyant ce symbole, Clarissa Dumfries est littéralement saisie d'une crise de rage qui la jette au sol. La bave aux lèvres, elle se roule sur le plancher, les yeux révulsés. L'aumônier, après l'avoir aspergée d'une eau bénite qui semble la brûler comme de l'acide, bat en retraite : — Pas de doute, le démon est bien en elle. Pour les autorités de justice, la présence du diable n'interrompt pas l'enquête. Maître Dumfries, le notaire et mari, est convoqué. Ses cheveux ont blanchi depuis l'arrestation de son épouse. En larmes, il répète devant le commissaire : — Comment aurais-je pu penser à une horreur semblable ? Quand j'ai épousé Clarissa, il y a douze ans, c'était une jeune fille absolument parfaite. Notre vie conjugale a été très heureuse, enfin pour moi. Nos enfants représentent tout ce que des parents peuvent espérer. Je ne vois pas ce qui a pu la transformer à ce point (à suivre...)