Avec une génoise dénommée «Isser Délice» qui a conquis les petits (et les grands) en quelques mois, Arezki Issiakhem, le P-DG du groupe du même nom, a sorti la petite ville des Issers de l?anonymat en lui donnant une dimension internationale puisqu?il exporte son produit au Moyen-Orient et en Libye. Personnage affable, adepte de la concertation à la japonaise, il s?est fixé un grand challenge : imposer ses génoises sur le marché? européen. Portrait d?un chef d?entreprise d?exception qui a fait découvrir aux consommateurs le plaisir de la dégustation. InfoSoir : Que signifie «Iso 9» ? Arezki Issiakhem : «Iso» signifie en latin égalité et 9 parce que nous sommes neuf frères engagés dans cette entreprise, que nous avons fondée il y a un an et demi. Comment avez-vous décidé de vous lancer dans la fabrication de génoises ? Je suis le promoteur de cette idée. Bien sûr, il y a eu un débat entre nous et finalement on s?est lancé dans ce créneau de la génoiserie. Etes-vous les premiers en Algérie ? Effectivement, nous sommes les premiers, et pour cela nous avons construit une usine unique en son genre en Algérie car elle répond à des normes très rigoureuses. Même en Europe, il n?y en a pas beaucoup de ce calibre du fait qu?elle est à la pointe de la technologie. Je dois vous préciser que j?ai l?ambition d?implanter mes produits en Europe également. N?était-ce pas risqué de vous lancer dans la fabrication d?un produit très concurrencé en Algérie par des marques étrangères ? Quand on est chef d?entreprise, il faut savoir prendre des risques. En outre, toutes les innovations ou les inventions sont nées d?une prise de risque. Si des avions volent aujourd?hui, c?est parce qu?un jour il y a eu un homme qui a osé se jeter d?une certaine hauteur pour essayer de voler avec un engin. Pourquoi avoir baptisé vos génoises du nom de Isser, qui évoque un oued et une ville sans prétention ? Si je pouvais donner une grande dimension à cette ville, ce serait un grand honneur pour moi. Avant de choisir ce nom, il y a eu un débat. Plusieurs autres appellations ont circulé et on a opté pour Isser, et on a ajouté «délice» par rapport à une marque concurrente étrangère bien connue. Mais je peux vous dire que le nom Isser Délice plaît beaucoup parce qu?il y a une région de l?Algérie dedans. Quand au vocable «délice», je laisse le soin aux consommateurs de se prononcer. Après un an et demi d?existence sur le marché algérien, comment jugez-vous la progression d?Isser-Délice ? Je suis satisfait du fait que j?ai investi à un moment où lorsque je me rendais à Tizi Ouzou, je trouvais des cadavres sur le bas-côté de la route. Et vous n?aviez pas peur d?investir pendant une période aussi difficile ? Ecoutez, un jour mon père m?a dit : «L?homme qui a peur ne réjouira jamais sa mère.» Alors, j?ai fait mienne cette phrase et je me suis lancé, malgré la période difficile que je traversais. Donc, aujourd?hui, je suis content de mon produit que j?ai réussi à imposer sur le marché algérien et que j?exporte aussi. Vers quels pays ? J?exporte vers la Libye, l?Iran et les Emirats arabes unis, et bientôt je le ferai vers le Qatar et le Koweït et je suis en négociation avec le Maroc. Comme je vous l?ai déjà dit, en 2005, je compte exporter vers l?Europe. D?ailleurs, je me dis toujours que le jour où je verrai mes génoises sur les étals européens, j?aurai fait ma révolution. Exporter vers l?Europe, ce ne sera vraiment pas du ? gâteau Oui, mais je compte bien le faire et à chaque fois j?interpelle nos pouvoirs publics en leur demandant de faire en sorte qu?il soit plus facile d?exporter que d?importer. N?a-t-il pas été difficile de convaincre le consommateur algérien du fait qu?il se méfie du produit local ? Au début, nous n?avons pas pénétré le marché algérien à grand renfort de tapage médiatique du fait que la période n?était pas très appropriée. Et puis, j?ai adopté au départ une politique de proximité, c?est-à-dire des séances de promotion et de dégustation pour voir la réaction du consommateur, qui est finalement le seul juge. Votre cible était avant tout les enfants? Il est évident que notre génoise est un produit alimentaire beaucoup plus consommé par les enfants que par les adultes. Mais on a constaté aujourd?hui que même les adultes ont été conquis puisque dans les cafés Isser Délice a tendance à remplacer le croissant pour accompagner le café ou le café-crème. En raison de votre emballage de haute qualité, certains consommateurs algériens pensent que votre produit est comme celui importé d?Europe. Cela vous fait-il plaisir ? Oui, parce que ça confirme que mon produit pourra être exporté vers l?Europe un jour. Cela veut-il dire aussi que votre révolution est en marche ? Tout à fait, et ça se confirme avec le fait qu?au cours de ce mois de mars, le produit va faire son entrée dans la célèbre chaîne de magasins français Carrefour, et ce sera le premier produit algérien à y figurer. J?estime que c?est déjà une belle victoire. Quelles sont vos ambitions sur le marché algérien ? Nous allons développer une variété de produits, notamment la gamme diététique destinée aux personnes âgées et aux sportifs, bien que les génoises actuelles soient excellentes pour les gens qui se dépensent beaucoup car elles sont énergétiques, riches en vitamines et surtout très saines. Malgré cela, bien que vous soyez un ancien sportif, vous n?êtes pas très présent en matière de sponsoring? Je ne suis pas contre le sponsoring sportif, mais je n?ai pas encore eu l?occasion de le faire. En fait, ce n?est que cette année que nous avons pris la décision d?allouer un budget au sponsoring. Allez-vous sponsoriser l?équipe de football des Issers ? Il évident que je dois commencer par aider la localité où nous sommes implantés, pas uniquement dans le football, mais aussi au niveau des autres disciplines sportives. Des clubs vous ont-ils sollicité pour un sponsoring ? Oui, récemment plusieurs clubs m?ont sollicité mais je dois dire que je fais beaucoup plus dans l?humanitaire, c?est-à-dire que j?accorde une aide prioritaire aux nécessiteux, parce qu?avant le sport, il y a malheureusement la détresse. Il y a donc des priorités et ma priorité n?est pas le sponsoring sportif, même si j?ai pratiqué la natation avec passion et qu?il m?est arrivé de traverser le port d?Alger à la nage en 1964. En tant qu?entrepreneur national, comment accueillez-vous la prochaine adhésion de l?Algérie à l?OMC ? Je suis complètement pour, mais ça me donne des coliques parce que tout dépend de la manière de le faire. On est en train de négocier l?avenir du pays et ce que je déplore, c?est l?absence de concertation avec les principaux concernés que sont les opérateurs économiques. Et ceci me fait peur parce qu?il y a un précédent, comme l?accord avec l?Union européenne, qui a été complètement bâclé. Dans ce cas, comment voyez-vous l?avenir de Isser Délice ? Ecoutez, j?ai bon espoir mais il faut savoir que tout produit a une durée de vie limitée. Donc il faut penser à créer de nouveaux produits et surtout ne pas cesser de se remettre en cause. C?est votre devise ? Oui, chaque jour, je me lève en me disant que je dois toujours mieux faire. En Europe, il y a de plus en plus d?entrepreneurs qui deviennent des présidents de clubs. Cela vous tenterait-il de l?être en Algérie ? Ce serait un honneur pour moi de présider un club, mais dans la situation actuelle, je ne suis vraiment pas tenté parce que le sport algérien est très malade. Il faudrait que ce milieu soit assaini d?abord. Pourquoi pas un grand club aux Issers ? Pourquoi pas ? Je serai partant pour un projet. Moi je considère que tout homme doit marquer son passage dans la vie en laissant quelque chose de bien. Si chacun de nous pouvait laisser un patrimoine culturel, sportif ou économique, ce serait l?idéal. Sur le plan culturel, quel est l? homme dont le passage vous a marqué ? Il n?y en a pas seulement un. Parmi les peintres, j?aime bien le style d?Etienne Dinet ainsi que celui de M?hamed Issiakhem, mon oncle. Sur le plan sportif, qui vous a laissé un souvenir impérissable ? Il y a Lalmas, Madjer, Belloumi dans le football, ainsi que Boulmerka et Morceli en athlétisme. Concernant l?art culinaire, vous qui êtes dans l?alimentaire, quel est votre plat préféré ? Je vais peut-être vous surprendre, c?est tout simplement la traditionnelle galette accompagnée de lait frais. Express - Isser Délice ? C?est ma fierté - Les Issers ? Je veux l?aider à être mieux - La JSK ? Une équipe que j?apprécie - Hannachi ? Quelqu?un de merveilleux - L?EN ? J?attends beaucoup d?elle - Saâdane ? Je lui souhaite de bonnes choses - Saïd Issiakhem ? Mon père est ma plus grande école - La femme algérienne ? Je soutiens de tout mon c?ur son combat - Zidane ? Une fierté - La Kabylie ? Une partie de mon pays qui m?est chère.