Se placer sur le marché belge avec des produits algériens, est une gageure presque impossible. Un Algérien le fait. Nous l'avons rencontré. Ce n'est pas rien de voir des produits de large consommation fabriqués en Algérie mis sur les étals des supermarchés et détaillants dans la capitale européenne, Bruxelles. «Isser», puisque c'est de cela qu'il s'agit, ce sont de délicieux gâteaux enrobés de chocolat, avec, sur l'emballage «fabriqué en Algérie», suivent les informations habituelles de date de péremption, de certificats internationaux tel l'Iso 9, etc. L'on ressent comme un pincement dans la poitrine. De la fierté. C'est le démarcheur de ce produit algérien qui m'informe en premier. «Vous êtes journaliste, je le sais. Je veux vous dire que les premières palettes de produits de confiseries algériennes sont arrivées, pour la première fois, au port d'Anvers pour être distribuées en Belgique» me dit-il. C'est que pour placer des confiseries chocolatées sur le territoire belge, il faut être vraiment très fort. Car, les Belges sont, avec les Suisses, les meilleurs au monde dans la spécialité. Il me présente, trois jours après, le patron (le producteur) de cette merveille venu s'enquérir de visu, comment sont placés ses produits sur les étals des revendeurs. Il s'agit de M.Arezki Issiakhem, la cinquantaine bien campée, sac en bandoulière, qui, tout en visitant quelques magasins de la rue de Brabant à Bruxelles, n'a pas oublié de photographier les étals où sont exposés les gâteaux «Isser». Sans doute pour affiner ses conditions avec les distributeurs belges. On sent tout de suite l'homme d'expérience. Il sait que de la manière de présenter les produits sur les étals, dépendent les chiffres d'affaires et de vente. Il m'explique alors que sa fabrique en Algérie, dans la wilaya de Boumerdès, emploie quelque 200 travailleurs. Les matières premières sont algériennes et il n'importe que peu d'adjuvants pour les parfums et goûts. Mais M.Issiakhem n'est pas à son premier marché en Europe et ailleurs pour ses confiseries. Il a déjà conquis le nord de la France, Andorre, la Libye, les Emirats arabes unis et la Jordanie. Sa prochaine conquête sera le Canada. La Belgique est un défi pour lui, vu la qualité et la renommée de ce pays en matière de chocolaterie et confiserie. «Si je réussis en Belgique, aucun marché ailleurs n'est impossible» me dit-il. Cette assurance en soi, il la tient de sa tradition familiale. «Nous sommes dans l'agroalimentaire de père en fils» m'affirme-t-il. Au-delà, j'apprends que ce capitaine d'industrie a lancé et gère d'autres unités de production diverses. Il a une autre fabrique de glaces et confiseries implantée à Fréha, dans la wilaya de Tizi Ouzou, une autre fabrique de chaudières et générateurs et «bientôt une entreprise de produits parapharmaceutiques tels les compresses, pansements et autres sparadraps», me dit-il. En tout, M.Issiakhem emploie près de mille travailleurs. C'est dire combien il échappe à l'image répandue des patrons de l'import-export en Algérie, ceux traders, qui importent de la consommation. De simples commerçants de gros en fait. Voilà un Algérien qui crée de la richesse, de l'emploi dans son pays et en sus, nous honore à l'étranger (hamerna oujouhna). Et puis, je découvre que ce patron, pas comme beaucoup, participe à des symposiums internationaux, fait du jumelage et du partenariat, notamment avec les Danois, etc. Pour toutes ces raisons, lui rendre quelques politesses à travers ces lignes n'est que justice. A lui et quelques autres (qui se comptent sur les doigts d'une main) qui se battent dans un environnement pas si facile au pays pour ce genre de défis, nos encouragements. M'interrogeant sur son patronyme Issiakhem qui évoque l'autre génie algérien de l'art de la peinture, M'hamed, il me répondit: «C'est mon oncle.» Quelle histoire!