Résumé de la 8e partie n Il y avait vis-à-vis de la fenêtre, où Florine se mettait, un cyprès d'une hauteur prodigieuse : l'Oiseau Bleu vint s'y percher. Il y fut à peine qu'il entendit une personne qui se plaignait… L'Oiseau Bleu écoutait... et plus il écoutait, plus il se persuadait que c'était son aimable princesse qui se plaignait. Il lui dit : «Adorable Florine, merveille de nos jours, pourquoi voulez-vous finir si promptement les vôtres ? vos maux ne sont point sans remède. — Hé ! qui me parle, s'écria-t-elle, d'une manière si consolante ? — Un roi malheureux, reprit l'Oiseau, qui vous aime et n'aimera jamais que vous. — Un roi qui m'aime ! ajouta-t-elle. Est-ce ici un piège que me tend mon ennemie ? Mais au fond qu'y gagnera-t-elle ? Si elle cherche à découvrir mes sentiments, je suis prête à lui en faire l'aveu. — Non, ma princesse, répondit-il , l'amant qui vous parle n'est point capable de vous trahir.» En achevant ces mots, il vola sur la fenêtre. Florine eut d'abord grande peur d'un oiseau si extraordinaire, qui parlait avec autant d'esprit que s'il avait été homme quoiqu'il conservât le petit son de voix d'un rossignol... Cependant, la beauté de son plumage et ce qu'il lui dit la rassurèrent. «M'est-il permis de vous revoir ma princesse ? s'écria-t-il. Puis-je goûter un bonheur si parfait sans mourir de joie ? Mais hélas ! Que cette joie est troublée par votre captivité et l'état où la méchante Soussio m'a réduit pour sept ans ! — Et qui êtes-vous charmant Oiseau ? dit la princesse en le caressant. — Vous avez dit mon nom, ajouta le roi, et vous feignez de ne pas me connaître. — Quoi ? Le plus grand roi du monde. Quoi ? Le roi Charmant, dit la princesse, serait le petit oiseau que je tiens ? — Hélas, belle Florine, il n'est que trop vrai, reprit-il ; et si quelque chose m'en peut consoler c'est que j'ai préféré cette peine à celle de renoncer à la passion que j'ai pour vous. — Pour moi ! dit Florine. Ah ! ne cherchez point à me tromper ! Je sais, je sais que vous avez épousé Truitonne : j'ai reconnu votre anneau à son doigt ; je l'ai vue toute brillante des diamants que vous lui avez donnés. Elle est venue m'insulter dans ma triste prison, chargée d'une riche couronne et d'un manteau royal qu'elle tenait de votre main pendant que j'étais chargée de chaînes et de fers. — Vous avez vu Truitonne en cet équipage ? interrompit le roi. Sa mère et elle ont osé vous dire que ces joyaux venaient de moi ? ô ciel, est-il possible que j'entende des mensonges si affreux et que je ne puisse m'en venger aussitôt que je le souhaite ? Sachez qu'elles ont voulu me décevoir, qu'abusant de votre nom elles m'ont engagé d'enlever cette laide Truitonne, mais aussitôt que je connus mon erreur je voulus l'abandonner et je choisis enfin d'être Oiseau Bleu sept ans de suite plutôt que de manquer à la fidélité que je vous ai vouée.» Florine avait un plaisir si sensible d'entendre parler son aimable amant qu'elle ne se souvenait plus des malheurs de sa prison. Que ne lui dit-elle pas pour le consoler de sa triste aventure et pour le persuader qu'elle ne ferait pas moins pour lui qu'il n'avait fait pour elle ? Le jour paraissait... La plupart des officiers étaient déjà levés que l'Oiseau Bleu et la princesse parlaient encore ensemble. Ils se séparèrent avec mille peines après s'être promis que toutes les nuits ils s'entretiendraient ainsi. (à suivre...)