Résumé de la 11e partie n Quand Edward apprend à Victoria qu'il partait pour Bagdad, elle est stupéfaite mais encore plus désappointée. Il hocha la tête. — J'en doute. C'est bizarre, j'ai l'impression qu'il y a là-dedans quelque chose de pas catholique ! — Ah ? — Ne me demandez pas pourquoi je me fais cette idée-là, je n'en sais rien ! Mais je serais bien surpris si je me trompais. — C'est votre... Rathbone qui vous parait suspect ? — Il ne peut guère l'être ! C'est un personnage très respectable, membre de je ne sais combien de sociétés savantes, un type très bien, quoi !... Bah !... on verra !... Sur ce, je m'en vais ! Dommage que vous ne veniez pas avec moi ! — Je voudrais bien ! — Qu'est-ce que vous allez faire ? — Chercher du travail, tiens ! Je vais d'abord aller voir à la Saint Guildric Agency, dans Gower Street. — Eh bien ! au revoir, Victoria ! — Au revoir, Edward, et bonne chance ! — J'imagine que vous ne penserez plus jamais à moi... — Dans ce cas, vous vous trompez ! — Vous ressemblez si peu aux autres jeunes filles que j'ai connues. Je voudrais pouvoir... Une horloge sonna la demie, il s'écria : — Zut ! il faut vraiment que je file ! Victoria le regarda s'éloigner. Après quoi, elle se rassit, réfléchissant. Elle pensait à Roméo et Juliette. Les deux illustres amants s'exprimaient dans une langue plus choisie que celle dont usaient Edward et Victoria, mais ils formaient, eux aussi, un couple malheureux. Une chanson enfantine que lui chantait sa vieille nourrice lui revint en mémoire : Jumbo dit à Alice : «Je vous aime !» Alice dit à Jumbo : «Je ne vous crois pas ! Si vous m'aimiez comme vous le dites, Vous ne partiriez pas pour l'Amérique en me laissant au Zoo.» La situation, là encore, était la même. il suffisait de remplacer l'Amérique par Bagdad. Victoria se leva. Sortant des jardins, elle se dirigea vers Gowc Street. Elle venait de prendre deux résolutions. La première, c'était qu'elle épouserait ce jeune homme, puisqu'elle l'aimait comme Juliette aimait Roméo. Et la seconde, qu'il lui fallait se rendre à Bagdad, puisque bientôt Edward serait à Bagdad. Comment gagner Bagdad ? Voilà le problème à résoudre. Il ne l'effrayait pas. Optimiste et tenace, elle se sentait sûre de rallier Bagdad. — D'ailleurs, murmura-t-elle, il faut que j'y aille ! Le Savoy Hotel avait reçu Miss Anna Scheele avec l'empressement qu'il convient de témoigner à une cliente de longue date. On s'était enquis de la santé de Mr Morganthal et on n'avait pas manqué de préciser à Miss Scheele que si son appartement ne lui plaisait pas, il lui suffirait de le dire pour qu'on lui en procura un autre. Miss Scheele ne représentait-elle pas des dollars ? (à suivre...)