Résumé de la 10e partie n Victoria accepta le compliment puis fit remarquer à son nouvel ami que l'heure tournait et qu'il risquait fort de se trouver lui aussi «sur le sable» Il devrait pourtant y avoir un moyen... Victoria laissa sa phrase en suspens. Elle ne trouvait pas les mots qui auraient traduit sa pensée pourtant très nette. II lui semblait inconcevable qu'on ne put dans le monde d'après-guerre utiliser des qualités qui avaient valu à celui qui les possédait une décoration aussi enviée que la D. F. C. — Quand j'ai compris que j'étais une sorte d'incapable, reprit Edward, ça m'a aplati.. Mais que voulez-vous ?… Là-dessus, il faut que je me sauve... Est-ce que je vous paraîtrais... bien audacieux... si...? C'était lui maintenant qui ne pouvait venir au bout de sa phrase. Rougissant et bégayant, il ouvrait un appareil photo graphique que Victoria n'avait pas remarqué jusqu'alors et qu'elle considérait avec une évidente surprise. — J'aimerais prendre un instantané de vous, dit-il enfin. Vous comprenez, je pars demain pour Bagdad et... — Pour Bagdad ? répéta Victoria, stupéfaite mais encore plus désappointée. — Oui ! Depuis un instant je le regrette mais ce matin j'étais ravi de quitter l'Angleterre et c'est même pour ça que j'ai accepté ce qu'on m'offrait. — Et qu'est-ce qu'on vous offrait ? — Une situation qui ne m'emballe pas mais je n'avais pas le choix... Mon patron c'est un certain docteur Rathbone qui possède une ribambelle de titres universitaires et autres, un savant qui vous regarde à travers ses lorgnons et qui n'a qu'une ambition : répandre dans le monde la culture intellectuelle. Il crée des librairies dans des coins perdus... et il a l'intention d'en ouvrir une à Bagdad. Il fait traduire Shakespeare et Milton en arabe, en turc, en persan, en arménien... et il diffuse ça... Une drôle d'idée car c'est exactement ce que fait de son côté le British Council... Cependant, j'aurais mauvaise grâce à m'en plaindre puisqu'en fin de compte ça me procure un boulot. — Mais lequel exactement ? — Mon Dieu, ça tient du «yes-man», du confident et du valet de chambre ! Je m'occupe des billets et des passeports ; je vérifie les bagages pour être bien sûr qu'il n'en manque pas un à l'appel ; je cours de droite à gauche et quand j'ai fini je recommence. J'imagine que là-bas ce sera à peu près la même chose. Comme vous voyez, c'est plutôt moche ! Victoria ne se sentait vraiment pas le cour de prétendre le contraire. — Alors, reprit-il, revenant à son idée, nous ferions deux poses... Une de profil et une de face... Victoria ne demandait qu'à lui faire plaisir. Elle se montra le plus complaisant et le plus gracieux des modèles. — Parfait ! dit-il, les clichés pris. Rangeant son appareil, il ajouta : — C'est vraiment idiot d'être obligé de partir, maintenant que je vous connais ! Pour un peu, je resterais. Seulement, laisser tout tomber à la dernière minute, c'est difficile ! Ça la ficherait plutôt mal ! Vous ne croyez pas ? — Si ! D'ailleurs, votre voyage tournera peut-être beaucoup mieux que vous ne le pensez ! (à suivre...)