Résumé : Razika apprend à sa fille que le neveu de Malika veut demander sa main et l'emmener vivre ailleurs. Yasmina est dans tous ses états. Est-ce possible que ce soit ce bel homme auquel elle n'avait cessé de rêver ? 52eme partie Yasmina respire profondément et reprend ses esprits. Le neveu de Malika ne pouvait être que ce beau jeune homme auquel elle n'a cessé de rêver. Elle redresse la tête et demande à sa mère : - Il s'appelle comment ? - Mouhoub. Il paraît qu'il est fort instruit et travaille à Marseille. Yasmina sentit son cœur s'emballer. Si le jeune homme de ses rêves est vraiment ce prétendant dont parle sa mère, elle peut d'ores et déjà faire ses bagages. Elle sentit une joie s'emparer de son cœur. Vivre avec cet homme pour le restant de ses jours et en plus ailleurs que dans ces vieux quartiers où tout lui est interdit ! Ah ! Elle ira vivre à Marseille, et pourra lire, écrire, sortir… Mais sa joie s'éteint aussi vite qu'elle s'était manifestée. Et si cet homme est rustre ? S'il n'est pas aussi ouvert d'esprit qu'elle se l'était imaginé? Cet homme pourra même aller jusqu'à lui interdire de sortir et l'enfermera à double tour dans une maison isolée. La jeune fille est tellement prise dans ses doutes, qu'elle ne savait plus quoi dire. Elle garde un long silence que sa mère prit pour de la tristesse. - Tu n'es pas obligée de donner ta réponse tout de suite, Yasmina. Malika peut garder le secret et ton père n'en saura rien avant que tu aies décidé toi-même de la suite à donner. Yasmina regarde sa mère, puis lance : - Je vais d'abord en discuter avec Malika. - Quoi ? Mais tu n'y penses pas. Cette brave femme sera scandalisée par ton audace. - Mais non, maman, Malika m'aime bien. C'est grâce à moi que son courrier est à jour. Je dois tout d'abord discuter avec elle sur un tas de choses. - Et si jamais tu acceptes ce mariage, te rends-tu compte que tu vas devoir me quitter ? Yasmina se met à rire. - Mais maman, tu n'es pas une novice dans la matière. Ma sœur Zahra et mes frères Idir et Lounis t'ont bien quittée et toi moi-même tu as quitté ta mère pour épouser mon père. Razika hoche la tête. - Oui, je le sais, mais ce n'est pas comme pour les autres. Toi, tu vas me quitter pour vivre ailleurs. Loin d'ici. Tu te rends compte qu'il y aura toute cette mer entre nous. La jeune fille riait toujours. - Moi cela ne m'ennuie pas. Marseille n'est pas le bout du monde. Je t'écrirai tous les jours de longues lettres. Et puis, là-bas les femmes sont plus libres. Qui sait, peut-être pourrais-je retourner à l'école ? Razika est scandalisée. - Mais tu n'y penses pas, ma fille. Retourner à l'école, alors que tu es mariée et maîtresse de maison. Non, cela suffit ! Tu as cumulé assez de bêtises jusqu'à présent. Quel est l'homme qui accepterait que sa femme retourne à l'école ? - Sûrement pas mon père, répond Yasmina, espiègle. Razika lui donne une tape sur le bras. - Cesse de te moquer de ton père. En tout les cas, moi, j'ai vécu heureuse et comblée auprès de lui. Elle se lève et lance : - Ne raconte surtout pas à Malika que tu aimerais retourner à l'école une fois mariée. Elle te prendra pour une dévergondée. La bonne femme quitte les lieux et Yasmina la suit du regard un moment avant de replonger dans ses méditations. Son cœur s'emballait à l'idée d'aller vivre sous d'autres cieux avec le bel homme dont elle avait rêvé des nuits durant, car elle ne doutait pas que le neveu de Malika n'était autre que cet homme qui lui avait souri et qui l'avait par la suite bousculée au portail d'entrée. Mais la raison lui dictait la prudence. Après tout, cet homme n'était encore qu'un étranger pour elle. Dès demain, elle avisera. Une longue conversation avec Malika s'impose. Après tout, c'est son avenir qui est en jeu. Y. H. (À suivre)