Retrouvailles n Lors de ce mois sacré, les familles renouent avec leurs proches. C'est dans cet esprit que les Chibane résidant au Val de Fontenay, près de Paris, invitent les Belkacemi à un f'tour que les enfants ont l'air d'apprécier. «Bienvenue !» lance Nacira, la maîtresse de maison, avec un large sourire, entourée de ses filles Celia et Liza. A l'intérieur, l'ambiance des grands jours règne. Alors que la maman se lance vers la cuisine pour effectuer les dernières «retouches», les deux filles, 14 et 12 ans, préparent la table. «D'habitude, elles ne touchent à rien. Mais cette fois-ci, elles me donnent un coup de main», dira Nacéra, qui insiste auprès de Abdelkrim, son mari, pour qu'il se charge de couper le melon. Affalé sur le canapé, il fait mine de ne rien entendre. C'est Fatiha, l'invitée, qui s'en occupe finalement On entend el adhan. Le moment de la rupture du jeûne arrive lorsque, sans se précipiter, chacun prend place pour déguster son repas. Au menu, la fameuse chorba, des m'hajebs, boureks, galette et un plat aux olives, un véritable régal après une journée de jeûne. La discussion s'engage sur les vacances en Algérie, les premiers jours du Ramadhn auxquels la famille Chibane avait assisté. «En Algérie, il fait très chaud, explique Abdelkrim, mais le soir c'était un plaisir. Les rues sont animées, contrairement à ici où on mange puis on dort», conclue-t-il. Le dîner terminé, le café fait son entrée lorsque Liza nous montre fièrement son exposé du jour, très bien noté par ailleurs. «J'ai fait un exposé sur l'Algérie, sa culture, ses arts et son histoire», a-t-elle révélé. Avec une grande aisance, l'adolescente engage la discussion sur les ténors de la culture algérienne, comme Kateb Yacine, Issiakhem, Alloula et les autres. Célia, motivée, accourt vers sa chambre et ramène tel un trophée son exposé noté vingt sur vingt par son enseignante et qui a pour thème l'enfant soldat. Dans son exposé, elle évoque Birahima, cet enfant «sans famille, sans attache» qui devient soldat «bien malgré lui». «C'est pour dénoncer l'utilisation des enfants dans les conflits que j'ai choisi ce thème», explique-t-elle, affichant une conviction citoyenne éclairée. Les parents n'ont, il faut le dire, pas lésiné sur les moyens pour l'éducation de leurs enfants, en les inscrivant dans une école privée pour leur éviter de tomber dans les dérives de la vie de la cité. Melissa, 11 ans, apporte alors sa touche à cette soirée ramadanesque avec une chanson de Alloua, un foulard autour des hanches, et entame «sa danse» kabyle. Sur ces notes qui distraient tous le monde, Fatiha lance à sa fille : «Tu devrais faire un stage de danse en Algérie.» Elle se prépare pour «le mariage de ma sœur qui aura lieu au mois d'octobre», nous révèle Fatiha. Elles ont hâte d'y être. Nacéra ramène les photos des vacances et les montre à Fatiha : les plages, le village et le séjour à Alger. Tous les membres de la famille s'accordent à dire qu'ils ont passé de bonnes vacances, «non seulement parce qu'il y a la famille, mais aussi toutes nos attaches». Ce couple tranquille souhaite acquérir un pied à terre au bled. Les filles riches d'une double culture s'enthousiasment à un tel projet. Pour finir la soirée, tout le monde est convié au jeu du baccalauréat qui consiste à trouver des noms de villes, de métiers, etc. à partir d'une lettre de l'alphabet. Comme ultime récompense, Célia offre des flashes, ce bonbon surgelé rapporté tel un trésor d'Algérie...