Rencontre n Quand l'harmonie du cœur s'identifie à un pan de mémoire encore vivace, que le souvenir de «Louisa» ramène Aït Menguellet au premier carrefour de sa vie pour renouer avec la ville de Constantine, c'est «accoster au milieu d'un rêve». Aït Menguellet ne manquera pas d'interpréter, en reprenant à plusieurs reprises l'émouvante histoire de Louisa, une chanson d'amour que l'artiste, encore à ses débuts, a écrite et composée à Constantine, il y a plus de 37 ans. Sous le signe des retrouvailles, Lounis Aït Menguellet, devant un public où de nombreuses Constantinoises n'ont été avares ni en costumes kabyles ni en danses, encore moins en youyous, chantant en chœur chaque morceau d'un répertoire pourtant bien garni, a revisité avec une émotion intense les vieux succès d'il y a plus de 37 ans. Confiant dans son art et grisé par une passion incommensurable pour le verbe, le jeune Kabyle qui s'accommoda, le temps de son service national (1971-1973), d'une guitare pour tromper l'ennui, était loin de savoir que le destin qui l'a fait séjourner dans un «fendek», lieu sacré des «Hchaïchia» (amateurs de vers et de musique) et qui représente dans la mémoire populaire de Constantine le temple traditionnel des mordus de chants et de musique, allait le placer à la croisée des chemins. Entouré de ses vieux «potes» de vocation qui formaient son orchestre d'antan, Aït Menguellet, avec son retour dans la cité des Ponts suspendus, a créé l'événement dans la journée de lundi. Sous le signe des «retrouvailles», l'histoire de Aït Menguellet avec Constantine, comme le présage ce premier retour depuis 1971, semble faite pour vaincre le syndrome de La feuille blanche (titre de son dernier album), intitulé en tamazight Tawriqt tacebhant. Car ses fans à Constantine attendaient d'inscrire le nom de cet enfant du Djurdjura sur les parois du vieux Rocher depuis bien longtemps. Un vœu auquel l'artiste a répondu présent dès qu'une «offre sérieuse et professionnelle s'est présentée», a-t-il assuré. Epaulé par ses deux fils et un orchestre qui a fait vibrer la grande salle du palais de la Culture Malek-Haddad, pourtant trop exigüe pour accueillir un public «embrasé», l'invité de Constantine, dignement fêté et enivré par tant d'ardeur, a rallongé son programme au grand plaisir de ses hôtes. Présentant son nouvel album, riche de 7 chansons, et reprenant en chœur avec le public, constitué majoritairement de familles dont des grands-mères dansant sous les youyous, avec des jeunes filles, des jeunes et des moins jeunes, de grands succès comme Iylem (Allez-y), JSK, Sangua Anrouh (pour partir). Le public qui était au rendez-vous avec l'amour, l'espoir, l'attente passionnée et même la trahison dans Tedjey Wahdi, épris par la beauté des textes, sous la houlette du poète ou du philosophe, en redemandait. Les files qui s'allongeaient après 1 heure du matin en attendant de faire dédicacer les albums et le livre de l'auteur de Ketchini Rouh, ont largement témoigné du bonheur de la ville de Constantine de recevoir un tel invité de marque dont le concert aura constitué, de l'avis de nombreux spectateurs, un franc succès.