Résumé de la 13e partie n Miss Scheele admira les saphirs, promit de parler d'eux à Mr Morganthal et s'en fut… Ça fera douze livres dix-huit shillings, madame. Anna Scheele paya et sortit, toujours suivie de la jeune femme, qui s'était contentée de demander le prix d'un bouquet de primevères. La promenade d'Anna la conduisit dans Saville Row, chez un des quelques grands tailleurs qui, bien que ne travaillant que pour les messieurs, daignent quelquefois, et par rare exception, mettre leur talent au service des dames. Mr Bolford témoigna à Miss Scheele toute la considération due à une «vieille» cliente qui payait en dollars. — Par bonheur, dit-il, j'ai exactement ce qu'il vous faut ! Quand rentrez-vous à New York, mademoiselle ? — Le 23. — Nous aurons tout le temps. Vous prenez l'avion ? — Bien sûr ! — Naturellement ! Et comment vont les affaires, de l'autre côté de l'eau ? Ici, la situation est simplement... navrante. Avec les hochements de tête d'un médecin qui parle d'un malade qu'il désespère de sauver, il poursuivit : — Les gens travaillent sans goût et l'on ne trouve plus d'apprentis. Votre tailleur, savez-vous qui le coupera mademoiselle Schesle ? Mr Lantwick... Il a soixante-douze ans, et quand je veux du travail bien fait c'est à lui seul que je peux le demander ! Les autres... Mr Bolford remplaça le reste par un soupir. — Quand voulez-vous venir pour le premier essayage mademoiselle Scheele? Voulez-vous dans huit jours, à onze heures et demie ?... Alors, entendu, mademoiselle Scheelel un taxi ramena Anna Scheek au Savoy. Le petit homme brun qui avait pris Miss Schoele en filature quand elle avait quitté l'hôtel se trouvait là de nouveau. Sa voiture suivit celle de Miss Scheele pendant un certain temps mais l'abandonna pour se diriger vers l'entrée de service du Savoy. Sur le trottoir, une dame assez replète, qui ressemblait à une femme de ménage habillée pour «sortir», attendait. — Alors, Hortensia, tu as visité l'appartement ? — Oui ! Rien à signaler. Anna Scheele déjeuna au restaurant puis monta chez elle. On avait fait la chambre en son absence et tout était net. Elle alla aux deux valises extra-légères qui constituaient tout son bagage. Elle examina rapidement ta première, qu'elle avais laissée ouverte, puis passa à la seconde, laquelle était fermée. Elle l'ouvrit. A l'intérieur, tout était en ordre et il ne semblait pas que quelque chose eût été touché. Au-dessus du linge, soigneusement plié, Anna Scheele avait posé un portefeuille en cuir et un Leica, avec deux rouleaux de pellicule, tels que sortis de chez le fabricant. Délicatement, Anna souleva la partie supérieure du portefeuille. Elle sourit : on n'avait pas aperçu le cheveu blond, presque invisible, qu'elle avait placé sur le buvard, peu avant de sortir. Elle répandit un peu de poudre sur la surface de cuir du portefeuille, puis elle souffla. La poudre s'envola : aucune empreinte digitale n'apparut. (à suivre...)