Résumé de la 12e partie n Pendant qu'elle parlait, la reine et sa fille admiraient avec une surprise sans pareille son admirable beauté, et son extraordinaire parure les éblouissait.… Elle chercha elle-même partout. Puis, venant à la paillasse, qu'elle fit vider, elle y trouva une si grande quantité de diamants, de perles, de rubis, d'émeraudes et de topazes qu'elle ne savait d'où cela venait. Elle avait résolu de mettre en quelque lieu des papiers pour perdre la princesse ; dans le temps qu'on n'y prenait pas garde, elle en cacha dans la cheminée : mais par bonheur l'Oiseau Bleu était perché au-dessus : il voyait mieux qu'un lynx et écoutait tout. Il s'écria : «Prends garde à toi, Florine, voilà ton ennemie qui veut te faire une trahison.» Cette voix si peu attendue épouvanta à tel point la reine qu'elle n'osa faire ce qu'elle avait médité. «Vous voyez, madame, dit la princesse, que les esprits qui volent en l'air me sont favorables. — Je crois, dit la reine outrée de colère, que les démons s'intéressent pour vous, mais malgré eux votre père saura se faire justice. — Plût au Ciel, s'écria Florine, n'avoir à craindre que la fureur de mon père ! Or, la vôtre, madame, est plus terrible.» La reine la quitta, troublée de tout ce qu'elle venait de voir et d'entendre. Elle tint conseil sur ce qu'elle devait faire contre la princesse : on lui dit que si quelque fée ou quelque enchanteur la prenaient sous leur protection, le vrai secret pour les irriter serait de lui faire de nouvelles peines et qu'il serait mieux d'essayer de découvrir son intrigue. La reine approuva cette pensée ; elle envoya coucher dans sa chambre une jeune fille qui contrefaisait l'innocente : elle eut l'ordre de lui dire qu'on la mettait auprès d'elle pour la servir. Mais quelle apparence de donner dans un panneau si grossier ? La princesse la regarda comme une espionne ; elle ne put ressentir une douleur plus violente. «Quoi ? Je ne parlerais plus à cet Oiseau qui m'est si cher ! disait-elle. Il m'aidait à supporter mes malheurs, je soulageais les siens ; notre tendresse nous suffisait. Que va-t-il faire ? Que ferai-je moi-même ?» En pensant à toutes ces choses, elle versait des ruisseaux de larmes. Elle n'osait plus se mettre à la petite fenêtre quoiqu'elle entendît voltiger autour : elle mourait d'envie de lui ouvrir mais elle craignait d'exposer la vie de ce cher amant. Elle passa un mois entier sans paraître. L'Oiseau Bleu se désespérait : quelles plaintes ne faisait-il pas ! Comment vivre sans voir sa princesse ? Il n'avait jamais mieux ressenti les maux de l'absence et ceux de la métamorphose ; il cherchait inutilement des remèdes à l'une et à l'autre. Après s'être creusé la tête, il ne trouvait rien qui le soulageât. L'espionne de la princesse, qui veillait jour et nuit depuis un mois, se sentit si accablée de sommeil qu'elle s'endormit enfin profondément. Florine s'en aperçut ; elle ouvrit sa petite fenêtre et dit : Oiseau Bleu, couleur du temps, Vole à moi promptement. Ce sont là ses propres paroles auxquelles on n'a rien voulu changer. L'Oiseau les entendit si bien qu'il vint promptement sur la fenêtre. Quelle joie de se revoir ! Qu'ils avaient de choses à se dire ! (à suivre...)