Résumé de la 2e partie La femme de Barbe Bleue ne peut pas cacher à son mari qu?elle a passé outre à ses ordres et qu?elle a vu les corps des femmes qu?il avait assassinées. «D'où vient, lui dit-il, que la clef du cabinet n'est point avec les autres ? ? Il faut, dit-elle, que je l'aie laissée là-haut sur ma table. ? Ne manquez pas de me la donner tantôt.» Après plusieurs remises, il fallut apporter la clef. Barbe bleue, l'ayant considérée, dit à sa femme : «Pourquoi y a-t-il du sang sur cette clef ? ? Je n'en sais rien, répondit la pauvre femme, plus pâle que la mort. ? Vous n'en savez rien, reprit Barbe bleue, je le sais bien, moi ; vous avez voulu entrer dans le cabinet ! Eh bien, Madame, vous y entrerez, et irez prendre votre place auprès des dames que vous y avez vues.» Elle se jeta aux pieds de son mari, avec toutes les marques d'un vrai repentir de n'avoir pas été obéissante. Elle aurait attendri un rocher, belle et affligée comme elle l'était ; mais Barbe bleue avait le c?ur plus dur qu'un rocher. «Il faut mourir, Madame, lui dit-il, et tout à l'heure. ? Puisqu'il faut mourir, répondit-elle, en le regardant les yeux baignés de larmes, donnez-moi un peu de temps pour prier Dieu. ? Je vous donne un quart d'heure, mais pas davantage.» Lorsqu'elle fut seule, elle appela, et dit : «Ma s?ur Anne, monte, je te prie, sur le haut de la tour, pour voir si mes frères ne viennent point ; ils m'ont promis qu'ils me viendraient voir aujourd'hui, et si tu les vois, fais-leur signe de se hâter.» La s?ur Anne monta en haut de la tour, et la pauvre affligée lui criait de temps en temps : «Anne, ma s?ur Anne, ne vois-tu rien venir ?» Et la s?ur Anne lui répondait : «Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie.» Cependant, Barbe bleue, tenant un grand coutelas à la main, criait de toutes ses forces à sa femme : «Descends vite, ou je monterai là-haut. ? Encore un moment, s'il vous plaît, lui répondait sa femme.» Et aussitôt, elle criait tout bas : «Anne, ma s?ur Anne, ne vois-tu rien venir ?» Et la s?ur Anne lui répondait : «Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie.» (à suivre...)