Résumé de la 3e partie Elle débarque dans l?île de Barabac le 28 avril 1953, vêtue d?un battle-dress. Au-dessus des toits, elle aperçoit la jungle sur les collines à perte de vue. Là est son frère. A quelques pas, un Japonais au visage indécis : le compagnon de Susuki, qui s?est constitué prisonnier il y a quelques semaines, aide maintenant à rechercher les derniers guérilleros. Dans son bureau, le chef de la police ne mâche pas ses mots. «Nous avons réussi à dépister votre frère et ses deux camarades. Malheureusement, quand ils se sont vus encerclés, ils ont tiré. Nous avons été obligés de riposter. L?un d?eux a été tué sur le coup, l?autre n?a pas pu s?enfuir. Susuki lui a pris son fusil et a disparu. Il est désormais seul.» Mitsuko se sent le c?ur dans la gorge. «Vous savez où il est ? ? Oui, très exactement. Aujourd?hui, si vous n?étiez pas là, il n?aurait plus que quelques heures à vivre.» La jeune femme s?est redressée et regarde le policier avec fureur. «Comment osez-vous me dire une chose pareille ?» Le visage du policier s?est durci. «Nous ne pouvons plus tolérer l?existence des guérilleros alors que la guerre est finie depuis huit ans ! Leur combat n?a plus de sens ! Ils ont tué au moins trente personnes ! Et ils ne peuvent survivre qu?en tuant, car personne dans l?île ne leur fera de cadeau !» Après un silence, c?est le consul qui prend la parole. «Ma chère enfant, vous savez que nous avons tout fait? Vous êtes la dernière chance de cet homme. La police va vous conduire le plus près possible de l?endroit où il s?est réfugié. Si vous parvenez à entrer en contact avec lui, et tant que vous serez avec lui, la police voudra bien le considérer comme un soldat. S?il refuse de vous voir, ou si vous revenez seule, il sera abattu comme un hors-la-loi. Je suis désolé, c?est tout ce que j?ai pu obtenir.» Le lendemain, un half-track emmène Mitsuko, le consul du Japon et le chef de la police par des chemins boueux, jusqu?au village de Pulooc. Ce n?est qu?un misérable amas de cases noyées sous la pluie. Les paysans, qui souffrent depuis des années de la guérilla, regardent la jeune fille sans mot dire. Vers onze heures du matin, toujours sous une pluie diluvienne, accompagnée d?une dizaine d?hommes armés dont l?un est muni d?un porte-voix électrique, elle s?engage sur un sentier. Après une longue marche pénible, les hommes s?arrêtent et lui montrent, à cent mètres à peine, une sorte de petite falaise qui dépasse à peine la cime des arbres. «Il est là-haut.» Comme il arrive souvent sous ces climats, la pluie cesse d?un coup, faisant place à un soleil torride. Un peu partout, Mitsuko entend des voix : des hommes qui parlent dans les talkies-walkies. Elle comprend que la petite falaise est complètement encerclée. «Voici un sac. Il contient une petite tente. Vous lui demanderez de la monter car la pluie va reprendre. Les nuages reviennent.» On lui tend aussi un petit paquet. «Ce sont des fusées. Elles s?allument toutes seules, il suffit de tirer sur ce fil. ? Pour quoi faire ? ? On ne sait jamais. Si vous avez un problème et que vous voulez qu?on vienne vous chercher, vous dirigez la fusée vers le ciel et vous tirez sur le fil. Vous êtes prête ? ? Oui?» (à suivre...)