A un moment de notre discussion, le capitaine Si Mohamed me dit : «J'ai constaté en toi le sens de la bonne organisation, ce n'est pas la peine de me le dire, je sais que tu as déjà fait parti d'un commando ou d'une Katiba et que tu n'as pas résisté à la tentation de venir participer à la mémorable bataille de Beni Marhba. Tu as tout prévu pour notre repli. Seul un combattant comme nous pouvait comprendre et deviner nos besoins à la fin d'une éprouvante bataille comme celle que nous venions de vivre.» Je lui ai répondu : «oui Si Mohamed, j'ai fait partie du commando Si Zoubir, de la Katiba El-Hamdania. Actuellement, je suis le responsable des renseignements et liaisons du secteur de Cherchell et je te dis franchement que cela ne me plaît pas. Je voulais rester dans la Katiba.» Le capitaine Si Mohamed me dit alors : «Je me suis douté que tu as été formé à la pâte de nos commandos d'élite en observant ton comportement, aussi bien lors du combat que durant notre séjour ici. J'aimerais bien avoir des cadres comme toi dans ma zone. Est-ce que tu accepterais d'être muté dans la zone III ?». J'ai immédiatement sauté sur cette occasion en or qui s'offrait à moi. Je lui répondis donc : «Je serais heureux de lutter à tes côtés. C'est avec plaisir que j'accepte ta proposition mais à une seule condition.» Il me dit avec étonnement : «quelle est cette condition ya Si Cherif ?» Je lui répondis : «Si Mohamed, je veux être dans le Commando. Je veux combattre. Je ne veux pas avoir des responsabilités politiques ou autres dans le FLN, je veux rester dans les unités combattantes de l'ALN.» Le capitaine Si Mohamed me donna son accord de principe. Il restait juste à régler le problème de la mutation de la zone II à la zone III pour que je sois enfin tranquille et que je reprenne ma vie heureuse de combattant pour la liberté et la dignité du peuple algérien. Si Mohamed me prévint : «Vu que tu es un officier, seul le commandement de la Wilaya IV peut ordonner une pareille mutation. Mais j'ai une idée, je vais écrire une lettre à ton chef de zone, le capitaine Si Ali Lounici que je connais bien. C'est un brave et courageux combattant. Il connaît fort bien le problème de la zone III, qui manque de cadres. Je ne pense pas que Si Ali refuserait de satisfaire ma demande. Or, si les deux chefs de zones se montrent d'accord sur cette mutation, le commandement de notre wilaya ne pourrait que l'approuver.» Je lui dis que j'étais d'accord avec cette proposition et me montrais prêt, s'il le fallait, à aller au PC (poste de commandement) de la zone II, à Blida, pour essayer de convaincre le capitaine Si Ali Lounici d'accepter mon affectation dans la zone III Ouarsenis et le Zaccar. Mais, cela ne fut pas nécessaire. A peine quelques jours plus tard, j'ai reçu ma mutation. J'étais heureux. J'ai couru vers l'Ouarsenis pour retrouver le commando de la zone III. Ce dernier était près du douar Zakkour. J'ai été accueilli chaleureusement par tous les membres du commando zonal. Si Mohamed Bounaâma était là. Il m'a dit : «Tu es déjà arrivé Si Cherif ! Je suis content que ta demande de mutation ait été acceptée, et de te compter dans mes rangs.» (à suivre...)