Facteur n Le niveau d'éducation et de santé figurerait parmi les indicateurs clés ayant un impact direct sur les investissements directs étrangers (IDE) dans un pays. Les chercheurs ayant participé à une étude financée par l'Union européenne en juillet 2010 ont énuméré un certain nombre de facteurs déterminants dans l'attractivité des IDE. Il s'agit essentiellement de l'espérance et de la qualité de vie et d'un niveau d'éducation élevé. «Cela laisse penser que les investissements de santé et d'éducation contribueraient à accroître le capital humain et, par conséquent, le niveau d'exportations des pays méditerranéens se verrait, lui aussi, augmenter», souligne l'étude. Bien qu'elle soit confirmée scientifiquement, cette réalité peine à trouver preneur dans notre pays. Pour preuve, l'Algérie a perdu 4 places en matière d'indices du développement humain, passant de la 100e place, en 2008, à la 104e en 2009, selon le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) de 2010. Ce classement implique un total de 182 pays, répartis selon le niveau du développement humain (très élevé, élevé, moyen et faible). En termes d'éducation, «les enquêtes sur le terrain montrent clairement l'effritement du niveau scolaire», relève le Dr Mebtoul. Les étudiants ont, selon lui, «plus de chance d'être chômeurs au fur et à mesure qu'ils avancent dans leurs études». Outre le sureffectif dans les classes et amphithéâtres, les déperditions croissantes du primaire, secondaire au supérieur, il relève «la gestion défectueuse des établissements scolaires avec des bâtiments délabrés et un environnement sans âme». Le Dr Mebtoul mettra également en avant le problème de la mensualité des professeurs et maîtres de conférences qui se retrouvent, en fin de carrière, à toucher approximativement un tiers du salaire de leurs collègues marocains et tunisiens. «Avec les nouvelles augmentations de 2008, moins d'un tiers par rapport au salaire d'un simple député ou sénateur et 80% de ce montant à la retraite, sans compter les conditions de travail bien meilleures et surtout la considération», s'indigne l'intervenant qui citera au passage les enseignants du primaire et du secondaire dont la situation, dit-il, «est encore plus dérisoire». La lecture de notre expert est confortée par plusieurs rapports internationaux dont le plus récent remonte à juillet 2010. Dans une enquête minutieuse consacrée aux pays les plus vulnérables au monde, la revue américaine Foreign Policy a classé l'Algérie parmi les plus vulnérables avec une note de 8,6 sur 10. Cette note s'explique par le fait que le pays connaît, depuis quelque temps, une importante fuite de son élite. Il s'agit «d'une des notes les plus mauvaises du monde», tient-il à préciser. La revue revient notamment sur «les conditions de vie déplorables des cadres et cerveaux algériens, les très bas salaires et l'environnement politique défavorable». Autant d'éléments qui «hypothèquent l'avenir de l'Algérie qui risque de se retrouver sans son intelligentsia pour construire son avenir», peut-on lire dans cette analyse. Le constat dans le secteur de la santé est similaire si ce n'est pire que celui de l'Education. Dans ce domaine, «l'Algérie n'est pas mieux lotie et l'on assiste malgré des investissements colossaux à une dégradation du milieu sanitaire», précise le Dr Mebtoul. C'est ce qui explique, selon lui, «la disparition de la couche moyenne productive, pilier de tout développement».