Rassemblement Mobilisation historique dans les principales villes du pays pour dire non au terrorisme et à la violence politique. Des manifestations d'ampleur historique, rassemblant des millions d'Espagnols dans les rues des villes d'Espagne, ont répondu hier aux attentats de Madrid qui y avait fait jeudi 199 morts et 1 400 blessés. Dans la capitale et dans toutes les villes du pays, de Bilbao à Valence, de Barcelone aux îles Canaries, d'immenses foules se sont rassemblées, souvent sous une pluie battante, pour dénoncer la violence, au lendemain des dramatiques scènes dans les gares de Madrid qui ont créé un état de choc dans le pays. Selon la direction de la police, au moins huit millions d'Espagnols ? un Espagnol sur cinq ? ont manifesté dans les principales villes, le décompte étant impossible à effectuer dans les petites localités. Jeunes, parents, ministres, employés, syndicalistes, personnalités étrangères, au coude à coude sous une forêt de parapluies multicolores, ont défilé derrière le slogan choisi par le gouvernement : «Aux côtés des victimes, avec la Constitution, pour l'élimination du terrorisme». A Madrid, 2,3 millions de personnes, selon le préfet de la ville Francisco Javier Ansuategui, ont formé un immense cortège s'étendant du nord au sud de la ville, pour aboutir à la gare d'Atocha, où deux trains ont été simultanément dévastés par des bombes qui ont explosé au milieu des passagers, jeudi matin, à l'heure de pointe. Pour la première fois, des membres de la famille royale ont participé à une manifestation, avec la présence du prince héritier Felipe et de ses s?urs, et des infantes Elena et Cristina, qui avaient pris place au premier rang. Des manifestants entonnaient le célèbre «El pueblo unido jamas sera vencido» («Le peuple uni ne sera jamais vaincu»), alors que d'autres réservaient un accueil mitigé au chef du gouvernement, certains criant «Fuera» («Dehors»), d'autres l'applaudissant. Les slogans les plus repris étaient des cris de solidarité : «Nous sommes tous dans ce train», en allusion aux trains éventrés par les bombes, ou «L'Espagne unie ne sera jamais vaincue». «Assassins», hurlaient certains. Il faut rappeler qu?avant cette historique mobilisation, la plus grande manifestation de l'histoire de Madrid avait eu lieu le 15 février 2003, quand deux millions de personnes avaient défilé dans les rues contre la guerre en Irak. A Vitoria, capitale du Pays basque, 100 000 personnes ont participé à la manifestation, dans une ambiance parfois tendue, avec la présence des ministres de la Justice espagnol et français, José Maria Michavila et Dominique Perben. Quelques militants indépendantistes basques ont même osé crier «Dehors le PP» (le Parti populaire de M. Aznar) et «Non à la guerre». Mais ils ont tout de suite provoqué la colère de personnes qui marchaient en silence et qui ont alors répondu en retour : «Dehors, dehors, assassins», ou encore «S'il vous plaît, respectez les morts». Dans les autres villes, l'affluence a également été considérable : un million de personnes à Valence (Sud-est), 700 000 à Séville (Sud), 400 000 personnes à Vigo (Nord-ouest), 300 000 à Murcie (Sud-est), 100 000 à Saint-Jacques de Compostelle. Il est vrai, que les attentats de Madrid sont les plus meurtriers en Europe depuis l?attentat de Lockerbie en 1988 qui avait fait 270 morts.